Bram Bogart : le peintre de la matière

Mercredi 27 juin 2012 | Texte : Julie Galand
© Frederik Delbart

Paru dans JV26, septembre 2011

 

Né à Delft aux Pays-Bas en 1921 d’un père forgeron, Bram Bogart, naturalisé Belge depuis 1969, fêtera ses 90 ans cette année.

À 10 ans, le jeune Abraham - de son vrai nom - décide qu’il sera artiste peintre. La réponse familiale ne se fait pas attendre : l’année suivante, il est inscrit contre son gré dans une école technique pour y apprendre le métier de peintre en bâtiment. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, le jeune artiste y approfondit sa connaissance des matériaux, tout en suivant des cours de dessin par correspondance.

Après quelques années passées à peindre des façades et des panneaux publicitaires, il commence sa carrière d’artiste en 1939, puis s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de La Haye, où il développe sa maîtrise des formes sous l’influence des oeuvres de Van Gogh et Permeke. Son style évolue assez rapidement vers des tableaux de plus en plus abstraits, caractérisés par l’application directe de tubes de couleurs primaires. L’artiste introduit également dans ses compositions des signes comme des croix, des cercles ou des carrés, ces formes élémentaires de la nature s’ajoutant aux jeux de verticales et d’horizontales antérieurs. En 1953, un nouveau tournant qualifié de « libérateur » marque son travail : le dessin devient plus ample et la matière prend de plus en plus d’épaisseur. Échappant à toute classification, le peintre accompagne cette période qualifiée d’« expressionniste » de nombreux monochromes blancs et noirs.

Le rythme des expositions s’intensifie, et après avoir vécu à Paris et dans le Midi de la France, Bram Bogart s’installe à Bruxelles en 1960, sur l’invitation d’un critique d’art belge. Dès cette époque, ses toiles deviennent plus grandes, les couleurs plus vives, plus denses, certaines de ses oeuvres relevant parfois davantage du bas-relief que de la peinture proprement dite. La toile de jute initiale étant devenue trop fragile, le peintre développe un système de panneaux renforcés et continue d’épaissir la matière par le biais d’un procédé spécial lui conférant un aspect de ciment, qu’il applique au moyen de brosses, truelles et spatules. Bientôt, cette matière semble devenir l’essence même de son oeuvre, appliquée d’une manière de plus en plus spontanée, débordant du cadre au point de devoir à nouveau consolider celui-ci par des traverses métalliques, certaines de ses oeuvres pouvant peser jusqu’à 300 kg. Mais si la fabrication du support peut lui prendre plusieurs jours, le processus de création n’excède souvent pas quelques heures.

En 1991, Bram Bogart participe à l’expo « Mémoire de Liberté » autour de la Déclaration universelle des droits de l’homme avec une aquagravure « De Liberheid », dont la première présentation a lieu au centre Georges Pompidou. La même année, il est reçu à l’Elysée. Jusqu’en 2005, il continuera de développer cet univers polychrome, libre et énergique qui le caractérise, empreint de puissance et de simplicité, au point d’être aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands peintres belges contemporains.


Interview réalisée à l'occasion de la rétrospective « Happy Birthday » du 18 juin au 30 juillet 2011, Galerie Jean-Luc + Takako Richard - 74 rue de Turenne, 3 impasse Claude, Paris IIIe, site : galerierichard.com.

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