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La Maison Delvaux

 

La Maison Delvaux est une référence prestigieuse et incontournable en Belgique. Zoom sur une enseigne mythique, décidée à se faire une place dans la cour des grands créateurs.


Une tradition réinventée


Pour beaucoup de Belges, les sacs Delvaux incarnent un style indémodable et presque intemporel, l’idée d’un sac que l’on se transmet de mère en fille.

L’histoire de la Maison remonte à la veille de l’indépendance de la Belgique, en 1829. 

Charles Delvaux, alors simple artisan, décide de prolonger son atelier par un magasin d’articles de voyage, au centre de Bruxelles. Si ses premières malles sont adaptées aux voyages à cheval, les collections évolueront avec l’avènement des paquebots transatlantiques, des voyages en train, puis en voiture et en avion, et même récemment, avec le nouvel engouement pour les déplacements à vélo. 

Trois générations de Delvaux se sont succédé lorsque Franz Schwennicke reprend les rênes en 1933, inspiré par les collections saisonnières des maisons de haute couture parisiennes. Il remanie la maison afin d’accorder une place plus importante à la création originale.Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, parallèlement à l’évolution du statut de la femme et à son émancipation, le public-cible de la marque se féminise et le sac à main en devient le symbole. Enfin, Franz Schwennicke tire habilement profit du potentiel publicitaire de l’enseigne, alors déjà plus que centenaire, en accentuant sa dimension « patrimoniale ».

 Depuis 1994, François Schwennicke, fils de Franz, assume la direction de la Maison avec Christian Salez. Avec la nomination de la créatrice belge Véronique Branquinho au titre de directrice artistique en 2009, la maison a réactualisé son image tout en tâchant de préserver ce qui en fait son excellence. Enfin, dernier changement majeur, après la création d’un atelier à Bourg-Argental, près de Lyon, il y a 23 ans : l’implantation d’un atelier au Vietnam, sous la houlette de François Schwennicke, qui y réside avec sa famille. Suivant l’évolution de beaucoup d’autres enseignes de luxe soucieuses de réduire leurs coûts de production, la marque entend ainsi se diversifier par des collections plus abordables et de facture plus simple, tout en veillant à la formation de ses artisans locaux par des artisans belges. 

Petit tour des ateliers Delvaux

 

Installé aujourd’hui au coeur de l’Arsenal, cet ancien site militaire rénové datant du début du siècle dernier, le siège de Delvaux abrite également son principal atelier, employant 45 personnes environ.

Ici, les sacs sont conçus de la première esquisse au produit fini, ce qui garantit un contrôle étroit du résultat final. 

Conçue par un studio créatif en étroite collaboration avec un bureau d’étude chargé d’en produire la maquette et d’en définir les spécificités techniques, chaque collection est ensuite fabriquée à la main par de petites équipes d’artisans.

 La marque affirmant sa volonté de créer des sacs qui peuvent tenir une vie voire plus, le design et la qualité des cuirs sont donc sélectionnés dans cette optique. 90% des peaux, achetées pour la plupart à des tanneries de France ou d’Italie, proviennent de jeunes veaux destinés à la consommation. Mais quelques modèles ou commandes spéciales sont aussi réalisées à partir de peaux d’autruche, de lézard, d’alligator, et autres animaux exotiques.

 « La plus difficile à piquer est le galuchat (peau de raie manta), mais vernir ou nubucker une peau de saumon n’est pas une mince affaire non plus », nous confie l’un des artisans. Ces peaux exotiques réclament deux à trois fois plus de travail que des cuirs traditionnels, ce qui explique leur coût élevé.

Plus loin se trouve une immense réserve conservant tous les cuirs utilisés depuis près de 40 ans. Celle-ci leur permet de faire face à toute demande de réparation ou de modification éventuelle, même sur des sacs datant des années 70. Aucune requête ne semble effrayer ces artisans, pas même une gaine de cuir pour frigo américain, pour baignoire ou pour voiture, quelques-unes des commandes « spéciales » auxquelles ils ont déjà été confrontés.

Un avenir international ?


Depuis plusieurs années déjà, Delvaux tente d’affirmer une certaine modernité, tout en conservant ce qui fit sa renommée en termes de qualité et d’intemporalité. En témoignent les collaborations menées avec des directeurs artistiques de renom tels que Kimiko Yoshida, Didier Vervaeren ou plus récemment, Véronique Branquinho, qui a annoncé son départ d’ici la fin de l’année.

Mais des collaborations plus ponctuelles ont aussi vu le jour, par exemple avec le designer Charles Kaisin ou le créateur  Bruno Pieters. Le véritable laboratoire d’idées qui les accueille, appelé « Studio Delvaux », a pour tâche de proposer des sacs, objets ou collections plus conceptuels, voire avant-gardistes. 

Si certains coups d’éclat, comme le solex garni de cuir ou la suite de l’hôtel Amigo, révèlent le caractère haut-de-gamme de la Maison, d’autres innovations semblent correspondre à une tentative de plus grande accessibilité ou visibilité, comme la création de collections moins chères, ou celle de guides de voyages, de bijoux et de foulards, initiée en 2010.

 Si certaines craintes ont été formulées il y a quelques années concernant la survie de ce fleuron belge employant environ 245 personnes dont 140 en Belgique, la Maison est aujourd’hui entrée de plain-pied dans le XXIe siècle. Après quelques années difficiles, la marque annonçait depuis un an son souhait de se développer tout en conservant les valeurs artisanales et familiales qui ont fait son succès. « Delvaux reste peu connu sur le marché international du luxe », nous explique Pascale Delcor. « Nous avons donc une place à prendre, mais cela se fera de façon progressive ».

Pour ce faire, il leur fallait trouver un partenaire industriel susceptible de leur assurer l’expérience ainsi que les ressources humaines et financières requises. C’est désormais chose faite : depuis fin juillet, une société familiale de Hong-Kong, Fung Brands Limited, est devenue l’actionnaire principal de Delvaux, à la suite de la famille Schwennicke qui conserve une participation minoritaire. Il ne nous reste qu’à souhaiter à cette illustre Maison de conserver son parti pris de durabilité et d’intemporalité, ainsi que la dimension Made in Belgium, à la fois créative et artisanale, qui en fait tout son prestige.


Musée Delvaux sur rendez-vous


Au dernier étage des ateliers Delvaux, un musée retrace l’histoire de la Maison, des premières malles à nos jours.


Dans un but d’ouverture de la maison Delvaux au public, un musée a vu le jour au dernier étage des ateliers de l’Arsenal. Ouvert en 2010, celui-ci reprend des passages de l’exposition mise en scène par le musée de la mode d’Anvers (Momu) à l’occasion des 180 ans de Delvaux en 2009. Outre une série de documents d’époque retraçant l’évolution de l’enseigne, une ligne du temps y reprend les différents modèles de sacs à main créés par Delvaux depuis ses origines. Plus loin, vous aurez l’occasion de découvrir des créations plus originales, telles qu’un solex, des meubles design ou des accessoires en cuir conçus sur-mesure. Enfin, la visite s’achève sur celle des entrepôts de peausseries, des ateliers enchaînant les différentes étapes de fabrication des sacs, et du service après-vente garant de leur longévité. Parmi les sacs présentés, nous en avons sélectionné cinq, parmi les plus mythiques, qui sont aussi particulièrement représentatifs de cet esprit Delvaux :


Brillant Jumping 1945

 

 

Brillant (1958) : Tel le Kelly d’Hermès, le « It-bag » de Delvaux, c’est le « Brillant », l’icône de la Maison qui vit apparaître pour la première fois la désormais célèbre boucle en forme de D. Par la suite, dans les années 70, ce D servira d’élément stylistique spécifique sous forme de fermoir, de boucle métallique ou de poignée, ou encore cousu à même le cuir, devenant ainsi l’emblème de la Maison. 

Tempête 1967

 

 

 

Tempête (1967) : Ce sac graphique et très structuré plaît toujours, avec sa poignée arrondie et rigide faussement « old school». Il constitue la ligne Héritage, avec le Brillant et le Givry.

 

 

Givry 1977

 

 

Givry (1977) : Autre indémodable, il incarne, à l’instar du Pin, le style plus décontracté de ces années et le quotidien des femmes devenues «actives », qui ne se satisfont plus toujours des versions rigides portées à la main.

 

 

 

Newspaper Bag 2007

 

 

Newspaper Bag (2007) : Créé par Bruno Pieters, ce sac muni de deux lanières permettant d’y glisser un journal, entend renouer avec l’image élégante du voyageur du siècle dernier. 

 

 

 

Clair Obscur 2010

 

 

 

Clair Obscur (2010) : Ce petit bijou de maroquinerie, d’une très grande complexité, possède de nombreux accessoires et détails qui le placent sans aucun doute dans la catégorie « haute couture ».

 

 

 

En pratique : La visite guidée des ateliers et du musée (15 euros par personne) se fait sur rendez-vous exclusivement. Les lieux peuvent aussi être loués pour des événements privés. Vous pouvez coupler votre soirée avec une visite des ateliers et même fabriquer vous-même un porte-cartes.

 

Adresse : 7, boulevard Louis Schmidt
1040 Etterbeek (Bruxelles)
Téléphone : +32 (0)2 738 00 40
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Visite : 15 € par personne

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