L’Europe en 25 questions - Les relations entre pays européens

Paru dans JV 26, septembre 2011 | Texte : Franceline Beretti, Photos : Denis Eroyaux

 

Les relations entre pays européens

 

14. Pourquoi les Roumains n´ont pas le même statut que les autres Européens ?

 

Les citoyens roumains ne peuvent pas circuler librement sur le territoire européen. Ils ont un statut spécifique car leur pays n’appartient pas à l’espace Schengen.

Mais ils ne sont pas les seuls : Chypre et la Bulgarie ne font pas non plus partie de cet espace. Leur adhésion est trop récente et les autres États membres jugent qu’ils ne sont pas prêts pour intégrer Schengen et ses règles de fonctionnement.

Après la vague fantasmée de plombiers polonais déferlant à l’Ouest, certains craignent l’arrivée massive d’ouvriers de ces pays de l’Est ! Mais ce statut particulier n’est pas réservé aux pays arrivés récemment dans l’Union. L’Irlande et le Royaume-Uni ne font pas partie non plus de cet espace. De leur côté, ils jugent tout simplement qu’il n’est pas bon de renoncer au contrôle des frontières de leur territoire national. Un avis que le Danemark et la France partagent de plus en plus, puisqu’en juin dernier, ils ont tous les deux invoqué des circonstances exceptionnelles pour rétablir les contrôles d’identités à l’entrée de leur pays.

Enfin, pour ajouter un peu de piment à ces complexités législatives, trois pays ne font pas partie de l’Union européenne… Suisse, la Norvège et l’Islande sont associés à la libre circulation des personnes et à l’accroissement des coopérations policières et judiciaires.Oui, c’est un peu compliqué !

 

15. Pourquoi l´Union Européenne met-elle tout en oeuvre pour sauver la Grèce ?

 

La Grèce, mais aussi maintenant l’Espagne ou l’Italie : depuis plus d’un an, l’Union multiplie les réunions et les prises de décision pour aider ces pays en difficulté et pour tenter de ne pas fragiliser l’ensemble de la zone euro.

Les banques européennes ont dans leurs actifs financiers des obligations émises par ces pays. Or, sur les marchés, les mauvaises notes des agences de notation et la situation d´incertitude provoquent un cercle vicieux : quand la note d’un pays baisse, les investisseurs sont tentés de se débarrasser de leurs titres, jugés trop risqués. Certains le font pour limiter des pertes qu´ils anticipent, d´autres le font pour s´enrichir, en pariant sur le défaut de paiement de grands pays comme l´Espagne ou l´Italie. Ces ventes de titres augmentent les taux d´intérêt et rendent les conditions d´emprunt encore plus difficiles pour les États fragiles. Du coup, les agences de notation baissent leur note…

Au final, certains États ne sont plus en capacité de rembourser. C’est le système financier européen dans son ensemble qui est déstabilisé, c’est pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) rachète les titres émis par ces pays, afin de limiter l’effet de contagion.

 

16. Y a-t-il une opinion publique européenne ?

 

« Personne ne sait si elle existe. Pourtant nous avons fait le pari, risqué, qu’il y en a une ».Christofer Berg est le co-fondateur suédois d’un journal qui paraît pour l’instant seulement en ligne, et encore, pas sous sa forme définitive.

European Daily se veut le premier quotidien européen. « C’est parti d’une frustration. Je vivais à Paris, je pouvais lire la presse suédoise mais je n’étais pas intéressé par ce qui se passait à Stockholm. Les journaux français parlaient surtout de politique intérieure. En tant que lecteur, j’ai ressenti le manque d’un quotidien européen. » Quelques mois plus tard, en 2008, la version web du quotidien rêvé par Christofer et Johan Malmberg, l’autre co-fondateur, est en ligne. Elle n’a pas encore de journalistes qui travaillent pour elle : European Daily reprend, dans tous les journaux anglophones, les articles susceptibles d’intéresser chaque Européen. « On veut produire une information au-delà des vues nationales, sans lister toute l’actualité pays par pays.Est-ce qu’un quotidien national américain passe en revue tous les États fédérés ? Non : il sélectionne dans l’actualité de chacun ce qui fait sens au niveau national. Il faut une vraie ligne éditoriale et faire un choix ».

En juin dernier, la volonté des co-fondateurs se matérialise un peu plus avec la sortie de la première version papier. Un seul numéro, diffusé à 40.000 exemplaires. Il est gratuitement distribué à Berlin, Bruxelles, Londres et Paris, des institutions aux grands hôtels, de la gare de St Pancras aux sièges des grandes compagnies à La Défense ! Le symbole est fort : voir des Européens de toutes les nationalités, le même journal à la main.

« On a fait ce numéro pour montrer aux gens notre projet. Mais aussi voir ce que cela représente, concrètement, de sortir un journal avec des articles écrits par des journalistes, des annonceurs, une imprimerie, un réseau de distribution... toute la chaîne d’un quotidien ! Et surtout, on voulait avoir un retour. Il a été plutôt bon ». Christofer espère que le European Daily pourra naître pour de bon, d’ici la fin de l’année, avec des articles conçus spécialement pour lui. Alors que le sentiment d’appartenance à l’Europe est à mal, l’initiative est certes risquée mais très stimulante !

Site : www.europeandaily.com

 

17. Y a-t-il une spécificité culturelle européenne ?

 

« Le cinéma européen n´existe pas. Il n´y a pas un, mais des cinémas européens. C´est Wim Wenders qui le dit », cite Thierry Leclercq, responsable du programme européen MEDIA pour le gouvernement wallon.

Le cinéma européen se caractérise donc par sa très grande diversité, linguistique, culturelle… et par ses conditions de production. « Comme le marché est très fragmenté, les films européens circulent très peu. Ils ont de petits budgets : 7-8 millions d´euros en moyenne, contre 35 millions aux états-Unis ! Et pour les grosses productions hollywoodiennes, on dépasse allègrement les 100 millions d´euros… »

Le programme MEDIA a justement été créé il y a 20 ans pour aider les films produits par l´Union à exister et à se faire une place dans les salles. Comment ça marche ? MEDIA peut faire par exemple des appels à projets, en amont de la production. « On choisit les films sur l´originalité du projet, la qualité du plan de financement, le potentiel européen, c´està- dire la capacité du film à intéresser des partenaires dans d´autres pays européens, » explique Thierry Leclercq.

Parmi les films aidés par MEDIA, quelques gros succès européens et internationaux comme La vie des gens ou les films de Pedro Almodovar, beaucoup de Palmes d´Or (Entre autres, Le Ruban Blanc de Michael Haneke, L´enfant des frères Dardenne) et toujours des films dont on se souvient. Sur 1.200 films produits en UE chaque année, environ un tiers sont aidés par ce programme, dont le budget annuel est d´environ 100 millions d´euros.

 

18. La Turquie est-elle européenne ?

 

La question ne se pose pas en ces termes.

Il n´y a aucune limite « géographique » claire à l´Europe, ni d´héritage historique permettant d´intégrer ou d´exclure un pays sans discussion : le monde grécoromain comprenait le Nord de l´Afrique, et l´Empire byzantin, qui inclut l´actuelle Turquie, était chrétien !

En fait, les limites de l´Europe dépendent seulement du contenu qu´on souhaite lui donner. Une union politique dans laquelle les membres forment un ensemble cohérent, s´exprimant d´une seule voix, est bien plus exigeante en terme d´adhésion qu´un ensemble de pays reliés par des accords économiques. Mais l’Union définit-elle ce qu’est être européen ? Seul un traité stipule que « tout état européen qui respecte un certain nombre de principes » peut postuler à l´Union. Ces principes étant la liberté, la démocratie, le respect des droits de l´homme et de l´état de droit. Ce qui ne simplifie pas le débat, puisque savoir si un pays respecte ou pas ces principes est déjà source de discussion.

 

19. Les Verts ont-ils une vocation plus européenne que les autres partis ?

 

Certaines thématiques environnementales devraient être traitées à l’échelle européenne. Le réchauffement climatique, la pollution de l’eau ne s’arrêtent pas aux frontières nationales !

Les membres du Parti Vert européen ont-ils pour autant une vocation plus européenne que leurs camarades du Parti Populaire Européen (qui regroupe les conservateurs) ou du Parti Socialiste Européen ? Difficile de trancher. Ils défendent le fédéralisme, c’est-à-dire le fait que les décisions politiques soient de plus en plus prises à l’échelle européenne.

Les Verts sont aussi les premiers à avoir coordonné leurs différents partis nationaux pour les élections européennes, en 1984. Ils sont un peu plus qu’une fédération, contrairement à leurs homologues du PSE et du PPE car si vous adhérez aux écolos en France, vous êtes directement membres du parti Vert européen ! Un parti qui n’est pas seulement « européen » au sens strict – avec seulement les états membres de l’UE. Il dépasse les frontières de l’Europe communautaire, avec ses 34 partis nationaux… dont les écologistes suisses, ukrainiens et russes !

 

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