La "bruxellisation"

Lundi 20 août 2012 | Texte : © Julie Galand

Sommaire

Paru dans JV12, avril-mai 2009.



Morceaux de Bruxelles

 

Des vestiges architecturaux du début XXe sont vendus du 3 au 13 avril 2009. L’occasion de revenir sur l’histoire de la « bruxellisation ».

 


Petite histoire de la bruxellisation

 

Dans le jargon international, le terme « bruxellisation » désigne le développement anarchique et incontrôlé d’une ville soumise à la pression des promoteurs, en référence à ce qui a été commis à Bruxelles, principalement dans les années 60 et 70.


À ce terme flou répond l’insulte suprême en bruxellois : « schieven architek » (architecte de travers, tordu), témoignant d’une rancune tenace à l’égard de certains grands chantiers.

Ces derniers, principalement destinés à faire de Bruxelles un centre de commerce, d’affaires, de loisirs et de services attractif, ainsi qu’une « vitrine » internationale prestigieuse, ont souvent conduit à la destruction massive de vieux quartiers populaires ou historiques, ainsi que de monuments architecturaux de grande valeur.

Durant tout le XIXe et le XXe siècle, ces dommages « collatéraux » ont été aggravés par des lois favorables aux promoteurs ou justifiant l’expropriation « pour cause d’utilité publique » sous couvert d’hygiène, d’embellissement ou de modernité.

 

Les tactiques des promoteurs

 

Afin de contourner les mesures protégeant habitants et patrimoine, les promoteurs ont également développé un arsenal de tactiques douteuses :

 

- la méthode dite du « pourrissement », soit l’acquisition d’îlots entiers laissés ensuite à l’abandon afin de faire fuir les derniers habitants et d’obtenir des permis à l’usure (cas de nombreuses surfaces de bureaux actuelles).

- la création de chancres dans le but de pouvoir en expulser les habitants, racheter à bas prix, raser et développer des projets de grande envergure.

- le « façadisme », qui consiste à ne conserver que les façades de bâtiments anciens, sans égard pour la fonction et l’intérieur des bâtiments (souvent moins bien protégés par la législation).

 

Une "bruxellisation" toujours rampante de nos jours


De nos jours, en Europe, les dispositions légales sont assez similaires d’un État à l’autre, mais leur effectivité, la portée de la protection et le volume des biens concernés varient considérablement.

À Bruxelles, le service des monuments et sites assure des fonctions variées : information, sensibilisation, classement, protection, inventaire, supervision des travaux relatifs à des biens protégés et conseil en matière d’urbanisme et de planification. En son sein, la Commission Royale des monuments et sites est un collège d’experts nommé par le gouvernement régional et chargé de conseiller les différentes instances en charge de l’aménagement urbain. Ses avis ne sont contraignants que lorsqu’ils concernent des travaux sur des biens protégés.

Aujourd’hui, la Région bruxelloise semble s’être davantage investie dans l’inventoriage du petit patrimoine : ferronneries, vitraux, portes, châssis anciens, etc.

Des dépôts d’archives, centres d’études, musées, associations et comités de quartiers oeuvrent pour la (re)connaissance du patrimoine urbain. Mais selon l’ARAU, « la bruxellisation, bien que moins flagrante aujourd’hui, est toujours à l’oeuvre et le nombre important d’immeubles vides et non habités en est le symptôme le plus visible et le plus honteux. »

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