Tournai

Paru dans JV 45 et HS BA 2014-2015 | Texte : Chloé Andries

Située à 15 minutes de Lille, autant de Courtrai, Tournai est et reste transfrontalière dans l’âme. Sur ses 70.000 habitants, 7.000 sont Français.

« Il y a deux types de Français installés à Tournai, explique Rudy Demotte, bourgmestre de la ville. Ceux qui viennent bénéficier des avantages d’une ville de moyenne dimension, avec la sérénité que l’on retrouve dans les villes du Nord. Ils investissent (souvent en centre-ville) des biens immobiliers de haute valeur à des prix moindres qu’en France, qu’ils restaurent. L’autre catégorie s’installe dans les communes vertes (Tournai est composée de 30 communes et 40.000 habitants sur les 70.000 habitent dans la ceinture verte de Tournai, soit dans l’une des 29 communes vertes). Ce sont des “rurbains”, des personnes venues profiter de l’avantage d’habiter à la campagne tout en restant à proximité d’une grande ville. Tournai, c’est en quelque sorte le jardin entre Lille et Bruxelles, une zone encore verte entre deux grandes agglomérations. » La qualité de vie, le moindre coût de l’immobilier, la proximité de Lille, le système fiscal belge plus clément envers les plus fortunés, tout cela explique en partie l’attrait constant de la ville belge. De grands noms de l’économie française ont donc traversé la frontière, comme la famille Mulliez (Auchan) mais aussi de plus en plus de familles ou jeunes couples désireux de bénéficier d’un cadre de vie agréable et d’un prix de l’immobilier accessible à deux pas de la Métropole lilloise.

Pour Me Yves Van Roy, notaire à Pecq, « ce que recherchent les Français fortunés est souvent un cadre de vie, un endroit calme et de l’espace. Châteaux, grosses demeures et immeubles de prestige correspondent souvent à leurs desideratas. Le reste de l’immobilier, qui représente 95% du marché immobilier de la Wallonie picarde, n’a pas été influencé par ces investissements. » Et le notaire d’ajouter que « dans les régions frontalières, quelques Français du Nord, souvent employés ou fonctionnaires, ont trouvé leur bonheur en acquérant des immeubles dont le prix est souvent de 15 à 20 % moins cher que dans le Nord de la France et dans un environnement souvent plus convivial. Pour ce genre de biens et dans ces régions, quelques ressortissants français ont ainsi en partie contribué à la hausse générale des prix depuis 2000. »

Aujourd’hui, sur le marché immobilier tournaisien classique, il faut compter 195.000 euros pour une maison 4 façades et de 90 à 150 euros/m2 pour un terrain à bâtir, le prix s’élevant à mesure qu’on s’approche du centre-ville.

95 % d’étudiants français à Saint-Luc

Autre atout de Tournai : les écoles supérieures et universités, nombreuses et de grande qualité. Les écoles Saint-Luc, qui proposent notamment des études supérieures de photo, mode, publicité, graphisme et architecture (cette dernière étant une université rattachée à l’UCL) comptent 95 % d’étudiants français ! Il est d’ailleurs amusant de se rappeler qu’à l’origine, les établissements Saint-Luc étaient Français et se sont établis à Tournai au moment de la loi française de séparation entre l’église et l’état (1905). Dans d’autres sections, notamment paramédicales, le système des quotas réservés aux non-résidents a fait chuter le nombre d’étudiants français inscrits mais pas l’attrait des formations. En kiné, à la Haute-école Condorcet, sur 87 places ouvertes, on compte ainsi 648 candidats français, « ce qui mène parfois à des aberrations, avec des étudiants habitant à 5 kilomètres de Tournai mais côté français qui se voient refuser l’accès à la formation » explique Rudy Demotte.

Et les échanges entre les deux pays ne s’arrêtent pas là. Au niveau économique, 16 % des travailleurs tournaisiens sont Français. Et les relations franco-belges économiques vont dans les deux sens, comme en témoigne le succès de plusieurs entreprises comme la société familiale tournaisienne Dufour, active jusque Lille et Dunkerque.

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