Le Plasticarium a désormais son musée !

Paru dans JV27, Octobre-novembre 2011 - mis à jour décembre 2016 | Texte : Julie Galand, Photos : Floris Male & Female, 1967 © G. Beltzig © ADAM

Visiter cette collection, c’est aussi l’occasion de revenir sur l’histoire de cette matière étonnante : « Le lendemain de la Seconde Guerre mondiale correspond à l’avènement du plastique comme élément central de la reconstruction européenne. L’idée de le faire passer de la cuisine - avec les fameux Tupperware - au salon émerge, mais pour convaincre la bourgeoisie d’acheter cette matière qui ne vaut rien, il faut compenser par l’originalité. »

Et à en juger par ce qui suit, on se dit que celle-ci ne fait aucun doute. Néanmoins, on aurait tort de cantonner le plastique à un simple rôle de gadget à destination des ménages. Ce matériau deviendra aussi un outil de contestation sociale lorsqu’en 1968, des étudiants de Florence décident d’offrir des sculptures pop à bas prix - donc en plastique - aux ouvriers, donnant naissance au radicaldesign, aussi appelé anti-design.

De plus, au-delà de l’utopie sociale, des enjeux cruciaux entourent cette matière : « Si ce sont les Américains et non les Russes qui ont posé le premier pas sur la lune en 1969, c’est parce que leurs fusées étaient plus légères, grâce à l’usage du plastique. D’ailleurs, bien que l’ère optimiste et prospère du “tout plastique“ soit révolue, la tendance ne s’est pas vraiment inversée, car ce matériau est un excellent isolant électrique et électronique. »

Et ce même si les crises pétrolières et la naissance d’une conscience écologique ont progressivement relégué celui-ci au rang de vulgaire emballage, source de pollution.

 

Une collection de renommée internationale

Devenu une référence pour de nombreuses institutions muséales, récemment classé parmi les 200 plus grands collectionneurs du monde selon ARTnews New York, le collectionneur se dit satisfait : « Ma collection témoigne d’un imaginaire futuriste marqué du sceau de l’optimisme, formant la vision du futur d’un passé pas encore dépassé. J’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé, et n’ai plus rien à prouver. Pour l’instant, intellectuellement, tout est dit. Je pourrais passer à autre chose, car j’en ai plein, des rêves, mais je ne peux pas toujours acheter des maisons pour les mettre dedans. Je pourrais aussi passer la main, mais j’ai du mal à déléguer, et puis je tiens à la liberté liée au statut actuel de cette maison : celui d’une collection totalement privée, mais dont j’aime faire profiter les autres. »

[mise à jour décembre 2015] : Depuis décembre 2015, la collection de Philippe Decelle, qui souhaitait qu’elle demeure cohérente et intègre un projet muséal à Bruxelles, s’expose sur près de 1.500 m² dans le Art & Design Atomium Museul (ADAM) dans une scénographie qui valorise un ensemble d’objets de design d’exception. 

 

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