Carine Gilson

Paru dans JV 35 | Texte : Franceline Beretti, Photos : Xavier Harcq

Une petite fille qui rêve de dentelle

Nous quittons l’atelier pour monter dans les bureaux de la créatrice. Sur la cheminée, derrière la table de travail, un escarpin noir (« une mannequin l’avait perdu pendant un défilé ») et des photos-souvenirs de mannequins lors de ses défilés ou d’elle en compagnie d’autres personnalités du monde de la lingerie... L’environnement est uniquement composé de femmes. La société Carine Gilson fut créée il y a 23 ans. Mais la passion de la créatrice pour la mode remonte bien plus loin. « Petite, j’adorais travailler de mes mains. Pourtant ma mère, qui était couturière, a tout fait pour m’empêcher de faire ce métier. Elle a en partie réussi puisque je déteste coudre... ». Malgré les réticences maternelles, Carine Gilson suit des cours aux Beaux-Arts et à la célèbre Académie d’Anvers. Elle garde un sentiment mitigé de son passage dans l’institution de la mode : « On y apprend le développement de la créativité ; tout le côté artistique est très développé. En revanche, tout l’aspect technique est laissé de côté ! » D’où la sensation de ne pas être tout à fait à sa place, d’avoir d’autres valeurs que celles du milieu de la mode. « Dans ces écoles, on juge sur des critères qui ne me parlent pas toujours. On garde toujours à l’esprit que ça doit être vendable, mettable. Ça ne m’a jamais permis de rêver... »

Vient alors, en sortant de l’Académie, en 1990, le contact avec la lingerie. Pendant quatre ans, elle est ouvrière dans un atelier qui produit des fonds de robes et des combinaisons, les dessous phares des années… 1970 ! La société, Maille France, existe depuis 1928. Elle appartient à deux frères de 88 ans qui attendent de partir à la retraite et veulent fermer l’atelier. « C’était un hasard, une opportunité que j’ai saisie au vol. J’ai racheté l’atelier et j’ai d’abord continué l’activité, avec les mêmes commandes. » Elle aurait pu passer à autre chose, chercher à modifier la maison, changer de produit... mais non. « J’ai choisi la lingerie pour la dentelle, explique-t-elle. C’est sûr, j’aurais pu la travailler sur des robes du soir mais je ne pouvais pas me lancer là-dedans car il faut une infrastructure énorme derrière. Et je ne voulais pas travailler autre chose que la dentelle, j’aime vraiment ça ! ». Carine Gilson a alors 23 ans. Passer d’ouvrière à chef d’entreprise est plutôt formateur puisqu’elle apprend, très jeune et sur le tas, à diriger une équipe, à gérer une production... en plus de la fameuse technique d’incrustation.

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