Français en Belgique - Les savonneries bruxelloises

Sommaire

Depuis plusieurs générations, les maîtres savonniers se sont passé le flambeau à la tête des Savonneries Bruxelloises, qui produisent à présent leurs propres produits sous ce label depuis 2010. C’est au numéro 27 de la rue Tollenaere à Laeken, au nord de Bruxelles, dans un quartier où se trouvaient autrefois implantées de nombreuses fabriques artisanales, que les Savonneries Bruxelloises perpétuent la tradition des maîtres savonniers depuis les années 1920. Une entreprise à l’atmosphère familiale, établie dans le même bâtiment depuis ses débuts, et qui exporte aujourd’hui près de 80 % de sa production vers l’étranger.

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Vincent Laurencin et François Van de Velde ont été sélectionnés pour les Victors 2015.


Des origines à nos jours

C’est en 1922 qu’émile Colin (industriel né en 1873) et Alexis Huylenbroeck (parfumeur né en 1865) fondent la savonnerie Karak. Ils commencent à produire leurs premiers savons au numéro 27 de la rue Edmond Tollenaere à Laeken, dans un bâtiment à usage industriel construit à front de rue. Trente ans plus tard, en 1953, Henri Nanson transforme la société en créant la SPRL « Nouvelles Savonneries Bruxelloises ». L’entreprise demeure dans la famille Nanson durant trois générations, jusqu’en 1993, année où elle est rachetée par Vincent Laurencin, rejoint en 2000 par son associé actuel, François Van de Velde. Le nom est resté, l’implantation n’a pas changé. Depuis quinze ans, les grandes exportations ont certes fortement augmenté, mais la dimension humaine de l’entreprise demeure essentielle aux yeux de ses deux dirigeants. Une dizaine d’ouvriers travaillent au sein de la fabrique, certains depuis de nombreuses années.

Il règne ainsi une ambiance très familiale derrière les murs des Savonneries Bruxelloises. Si les machines d’origine ont été renouvelées (elles auraient près de cent ans aujourd’hui et la plupart étaient tout à fait manuelles), il est étonnant de constater que Vincent et François utilisent un matériel datant des années 1960-1970, selon eux plus performant et mieux adapté que les nouveaux équipements qu’ils ont eu l’occasion de tester ces dernières années. L’entreprise a également dû s’adapter aux nouvelles normes mises en place ces dernières années : « La législation européenne sur les cosmétiques est très stricte, explique François Van de Velde. Les ingrédients doivent tous être renseignés sur le produit, par ordre d’importance, ainsi que les colorants, les pigments et les allergènes éventuels. Chaque savon possède sa fiche technique : tout est signalisé, daté et traçable. Nous gardons des échantillons de tout, en cas de contrôle. Toute la procédure à suivre est scrupuleusement respectée. »


Produits haut de gamme

La savonnerie produit un savon à pâte dure pour des commanditaires répartis aux quatre coins du monde. Formes, couleurs, parfums : tout est possible pour autant que cela respecte la matière et surtout le savoir-faire de l’entreprise. Un savon haut de gamme doit garder avec le temps une tenue sans craquelure, sans modification de la structure, de la teinte ou même du parfum et, surtout, il doit mousser abondamment. Les produits des Savonneries Bruxelloises sont ainsi d’une grande homogénéité et d’une grande constance. Les teintes et parfums sont contrôlés d’une série à l’autre, de façon à ce que le produit demeure calibré selon les normes établies par le client. Il arrive aussi que l’entreprise fabrique des savons biologiques ou dermatologiques (dits au « pH neutre » car leur pH est plus proche de celui de la peau qu’un savon normal) sur demande d’un client.


Aux petits soins

« Notre philosophie est de faire les choses avec soin, explique Bastien Hachez, responsable commercial de l’entreprise : nous avons à cœur d’installer une relation commerciale de qualité et pas de rechercher la vente à tout prix. Nous ne cherchons pas à avoir le maximum de clients possible mais à bien nous occuper de chacun d’entre eux et à inscrire nos relations de travail dans le long terme. Nous travaillons dans cette même optique avec nos magasins partenaires. »

Au cœur de la fabrique, on malaxe, boudine, extrude, presse et coupe le savon : c’est l’une des conditions indispensables pour garantir l’obtention d’un produit homogène en structure et en teinte. Pas moins de dix à douze ingrédients peuvent entrer dans la recette de fabrication d’un savon haut de gamme : des parfums classiques, comme la vanille ou la fraise, à la poudre d’or, en passant par toute la palette des fragrances florales, directement importées de Grasse, les choix et les possibilités semblent infinis !

La salle forte, véritable cache au trésor qui contient les centaines de moules ayant fait la réputation et l’histoire de la savonnerie depuis des décennies, recèle quant à elle les gabarits de maisons et d’institutions prestigieuses : hôtels, enseignes de luxe, entreprises et compagnies aériennes...

Outre les moules commandités spécialement par certains clients (il faut compter environ trois mille euros pour la confection d’un moule en laiton), la savonnerie possède également environ trois cents moules libres de droit, personnalisables, mis à disposition des clients.


Procédés de fabrication bien rodés

Si nous utilisons tous le savon au quotidien, savons-nous précisément comment il est fabriqué et ce qu’il contient ? François Van de Velde rappelle en quelques mots de quoi il s’agit : « Le savon est le résultat d’une réaction chimique entre un corps gras et un alcali. Autrement dit, une base et un acide. Ce sont donc généralement des huiles, beurres ou graisses qui réagissent avec de la soude caustique pour donner du savon et de la glycérine. Aujourd’hui, il est évidemment interdit d’utiliser des graisses animales dans la fabrication du savon, comme c’était le cas autrefois, jusqu’à l’apparition du savon de Marseille. La majorité des bases utilisées sont végétales. » Cette réaction chimique, nommée « saponification », révèle un produit fini composé de molécules de savon (carboxylates de sodium), de glycérine et d’eau. La glycérine (ou glycérol) constitue un sous-produit généralement éliminé, mais la méthode à froid permet de la préserver, ce qui rend alors le savon plus hydratant.

La savonnerie de Laeken produit de nombreuses déclinaisons de ce savon translucide, glycériné, qui se présente sous la forme de bûchettes « à la coupe », que l’on peut découper en tranches selon ses besoins. Aux Savonneries Bruxelloises, le processus de saponification en tant que tel n’est plus réalisé sur place : l’entreprise travaille avec des matières premières qui sont déjà la résultante de ce processus et qu’on nomme, dans le jargon du métier, le « bondillon ». Cette base végétale est le plus souvent composée d’huile de palme, ici importée d’Extrême-Orient (Malaisie ou Indonésie). Bastien Hachez précise : « Nous travaillons avec des fournisseurs écoresponsables, qui produisent l’huile de palme en étant conscients de ses dangers pour la déforestation et qui œuvrent contre celle-ci. »
Le bondillon, livré sous forme de copeaux, est versé dans la mélangeuse, qui le mêle aux autres ingrédients souhaités (huile d’olive, huile d’amande douce, eau, pigments, éclaircissant, etc.). Le mélange obtenu est ensuite passé dans la broyeuse, qui permet d’obtenir une pâte homogène et dense, puis à trois reprises dans l’affineuse. La pâte est ensuite modelée mécaniquement en un long boudin continu, tranché juste avant le moulage, réalisé à froid (-33°C).
La savonnerie possède trois lignes de production, chacune pouvant produire entre deux et trois mille savons par heure. Cinq à sept mille savons sont emballés quotidiennement, prêts à être expédiés vers les pays d’Europe, l’Amérique du Nord, le Moyen ou l’Extrême Orient.

Les produits de la marque « Savonneries Bruxelloises » sont quant à eux vendus dans un packaging produit par l’imprimerie Charles Handley, à Jezus-Eik : « Nous privilégions les circuits économiques courts, inscrits dans la proximité », affirme Bastien Hachez.


La marque

C’est en 2010 que les Savonneries Bruxelloises décident de créer leur propre label et cherchent à promouvoir leur image haut de gamme, en innovant grâce à la création de produits au packaging étudié et raffiné. Gingembre-citron vert, lavande, muguet-pivoine, rose noire ou encore mangue-fleur d’olive sont quelques-uns des parfums recherchés proposés dans cette gamme. Jusqu’alors, l’entreprise se contentait de fabriquer ses produits pour ses nombreux clients, sans chercher à valoriser son savoir-faire en son nom propre. Débute alors un travail de longue haleine visant à développer l’image de la marque et à trouver des partenaires avec qui travailler. Aujourd’hui, une centaine de magasins vendent les produits labellisés « Savonneries bruxelloises ». Parmi ceux-ci, on peut citer le magasin Rob à Woluwe-Saint-Pierre, les clubs privés Aspria ou encore la Maison Degand. Mais Bastien Hachez, le responsable commercial de la savonnerie, ne se limite pas à ces lieux prestigieux : il aime également travailler avec de plus petits partenaires, qui n’ont pas nécessairement l’espace ni les moyens pour vendre les produits en grande quantité, mais qui sont des clients fidèles, qui croient dans les produits qu’ils choisissent et n’hésitent pas à les défendre. Parmi ceux-ci, citons le magasin Plaisirs d’intérieur, rue Xavier de Bue à Uccle, ou la gamme de cadeaux en ligne « La Marie Papote ».


D’apprenti à responsable de fabrication

Avec le temps, les ouvriers acquièrent une expérience et une expertise de plus en plus grandes, qui accroît encore la qualité des produits. Employé aux Savonneries Bruxelloises depuis trente-neuf ans, Claude Cleymans y est aujourd’hui responsable de fabrication. Il travaille avec ses fils, Claude (lui aussi) et Frédéric, tous deux entrés comme apprentis, et qui ont appris le métier par la pratique : « C’est mon beau-père qui m’a fait entrer ici il y a près de quarante ans, explique Claude. J’ai commencé comme apprenti et j’ai tout appris sur le tas, comme mes fils après moi. Ce que j’aime, c’est le changement : on produit plusieurs séries par jour, les couleurs et les formes changent, et puis je sais tout faire, j’ai tout appris, c’est aussi moi qui règle les machines pour la production. »

Doyen des Savonneries Bruxelloises, Claude y est comme chez lui : il a même habité le troisième étage de la fabrique pendant treize ans ! Son fils Claude (lui aussi) apprécie également la polyvalence et le dynamisme du métier. Son second fils, Frédéric, s’occupe aussi bien d’informatique que de la fabrication des savons enrichis en glycérine. Occupé sur l’autre chaîne de fabrication, Marcello est quant à lui employé aux Savonneries depuis quatorze ans. Le bruit des machines couvre sa voix mais il ne s’arrête pas une seconde, occupé à veiller au bon déroulement des opérations finales, la découpe et le moulage des savons : « On est en train de réaliser une commande en provenance des états-Unis pour Noël prochain, explique-t-il. On a 15.000 savonnettes à produire. Si tout se passe bien, on aura terminé en une journée. » Mais voici que deux couleurs se sont mélangées par erreur. Il faut arrêter la production, nettoyer la chaîne de fabrication (faire une « poussée » avec vingt kilos de savon blanc pour enlever toute trace de couleur au sein de la machine). « Les produits que nous fabriquons doivent être impeccables, explique Marcello : pas question qu’on laisse passer le moindre défaut. » Une philosophie qui a fait ses preuves dans le temps...  


Informations pratiques

Site internet : savonneriesbruxelloises.com.

Points de vente

• Plaisirs d’intérieur, 13 rue Xavier de Bue, 1180 Uccle.
• Degand, 415 avenue Louise, 1050 Ixelles.
• Rob, 28 boulevard de la Woluwe, 1150 Woluwe-Saint-Pierre.
• Secret des Anges, 134 Grand-Route, 1428 Braine-l’Alleud.
• Hayoit, 137 chaussée de Bruxelles, 1410 Waterloo.
• Charlotte & Friends, 2 rue Saint-Loup, 5000 Namur.
• Bain & Bulles, 5 rue Rogier, 4900 Spa.
• Peeters, 466 Bredabaan, 2170 Anvers.

Produits

• Small Box (2x50gr) Ginger & Lime / Mango / Olive Flower : 14,95 €.
• Exclusive Box (3x100gr) Ginger & Lime/ Mango / Olive Flower : 24,95 €.
• Prestige Box (3x150gr) Black Roses / Lavander / Lily of the Valley / Peony : 29,95 €.
• Prestige Bar (400gr) Calendula / Dead See / Green Tea : 49,95 €. Collection enrichie en parfum et glycérine. 

 

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