La Villa Cavrois

Vendredi 2 octobre 2015 | Texte : Julie Galand, Photos : ADAGP, Paris 2015

La Villa Cavrois : un manifeste moderniste
Issu de la bourgeoisie industrielle, Paul Cavrois achète ce terrain situé au sommet d’une colline en 1925 dans le but de s’y installer avec son épouse et leurs 7 enfants. À l’époque, ce futur quartier résidentiel n’est encore qu’un vaste champ de betteraves. Après avoir envisagé les services de Jacques Greber, un architecte en vogue friand du style régionaliste anglo-normand caractéristique des habitations bourgeoises de l’époque, l’industriel tombe sous le charme de Robert Mallet-Stevens et de son référentiel étonnant, empreint de modernité, d’élégance et d’urbanité. Un style qui correspond bien également à la sensibilité de l’industriel vis-à-vis des équipements techniques.

L’architecte esquisse les premiers dessins de la Villa Cavroisen 1929. Ayant reçu carte blanche, il ne tarde pas à concevoir la maison comme une œuvre d’art totale et un manifeste reflétant ses préoccupations tant esthétiques que techniques. Dès lors, le bâtiment est indissociable de ses aménagements intérieurs, de son mobilier et de ses jardins. Tout, de l’organisation du parc aux plus infimes détails techniques, sera vérifié par Mallet-Stevens en personne.
Ce niveau de rigueur et de précision se reflète notamment au niveau des têtes de vis utilisées partout dans la maison avec l’exigence que toutes les gorges de celles-ci soient placées verticalement. De même, l’architecte n’hésitera pas à ajuster le dressing à la taille exacte des chemises de son propriétaire.
L’effet de longueur de la façade, réalisée en briques jaunes caractéristiques des Flandres maritimes, est souligné par des joints horizontaux peints en noir, tandis que les joints verticaux « disparaissent » derrière une teinte sable peu visible.

Quant à l’allure de « paquebot » de la villa Cavrois, elle est accentuée par les très nombreuses terrasses – 840m2 au total – aménagées à tous les niveaux et encadrées par autant de garde-corps faisant figure de bastingage.
De pièce en pièce, la villa finit par incarner une sorte de mise en scène de la vie bourgeoise du début du XXe siècle, par une sorte de théâtralisation de la vie quotidienne, combinant effet scénique et cinétique. En témoigne notamment l’entrée inhabituelle, l’allée étant placée de manière non pas perpendiculaire et « frontale », mais en diagonale du bâtiment principal, de même que l’entrée monumentale et théâtrale.

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