Riche et discret Luxembourg

Paru dans JV32, Septembre-Octobre 2012 | Texte : Franceline Beretti, Photos : Ezequiel Scagnetti

Vous n’avez peut-être jamais songé à visiter la capitale du Grand-Duché. Et pourtant, Luxembourg attire de nombreux Belges et Français, venus travailler dans les institutions, décrocher un meilleur salaire, ou tout simplement chercher un cadre de vie préservé.

Luxembourg est également une destination séduisante le temps d'un week-end, à deux heures environ de Bruxelles. Vous y apprécierez ses musées et sa gastronomie ... un repaire pour restaurants étoilés !

Juliette & Victor vous propose une petite excursion dans l’autre capitale européenne. Connaître son histoire pour mieux comprendre son actualité, un carnet pratique pour ceux qui souhaitent s'y installer ( l'immobilier, les écoles ...) et un carnet gastronomique et culturel pour les visiteurs de passage.

 


La ville et le Grand-Duché, une histoire inextricable


Les Luxembourgeois disent que leur ville est née du mariage de l’Alzette, une des rivières de la ville, et du rocher du Bock, le promontoir qui la surplombe.

En effet, ce site stratégique est à l’origine du château fort édifié par le comte Sigefroid, vers 963. Peu à peu, une ville se développe autour de l’édifice et cette cité contrôle un territoire qui s’agrandit au fil des siècles.

Le comté de Luxembourg, au XIIIe siècle, s’étend de la Meuse à la Moselle.

Au XVIe siècle, une foire annuelle (la Schueberfouer) accroît le rayonnement de la ville sur sa campagne. Elle existe encore aujourd’hui mais a quelque peu changé de nature : c’est désormais l’équivalent de la Foire du Trône qui s’installe pendant vingt jours à partir de la fin du mois d’août, chaque année, aux portes du centre-ville !


Un territoire convoité qui accède à l’indépendance

 

À la fin du Moyen-Âge, la ville de Luxembourg compte seulement quelque 5.000 habitants, ce qui fait d’elle une cité modeste.

Charles Quint et François Ier se la disputent au cours du XVIe siècle et elle devient un enjeu dans le contrôle de l’Europe. C’est le premier qui gagne : en 1544, il décide de transformer la ville en forteresse moderne. Les Espagnols poursuivent ses travaux pendant plus d’un siècle, cherchant toujours à améliorer sa capacité défensive. Peine perdue...

En 1684, les armées de Louis XIV entament un siège, dirigé par un certain Vauban. Six semaines plus tard, la France prend possession de Luxembourg. Elle l’occupe pendant une dizaine d’années, avant qu’un traité international ne lui ordonne sa restitution aux Habsbourg.

En 1815, le Grand-Duché de Luxembourg est créé et intégré au royaume des Pays-Bas de Guillaume Ier... comme la Belgique !

En 1830, date que vous connaissez bien puisque c’est celle de la révolution belge, certains Luxembourgeois se battent d’ailleurs aux côtés des insurgés.

L’indépendance du Grand-Duché est finalement acquise en 1839, avec le traité de Londres.

 

Du métal au paradis fiscal

 

Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la croissance économique du Grand-Duché est considérable. C’est le début de l’exploitation des mines, avec la découverte du minerai de fer dans le sud du pays.

Trois grands groupes sidérurgiques naissent : ARBED, Usinor et Aceralia. Ils fusionneront bien plus tard, en 2002, pour créer le fameux Arcelor, devenu en 2006 ArcelorMittal, le n°1 mondial de l’acier !

À partir des années 1970, le Luxembourg se spécialise dans les activités financières liées à l’euromarché. La capitale attire les banques et les compagnies d’assurance.

Dans les années 1980, elle évolue vers la domiciliation et l’administration de fonds d’investissement. « On est passé de l’or noir à l’or jaune », commente un Luxembourgeois. Mais n’abordez pas le sujet avec des inconnus : on est ici un peu fatigué d’en parler...

 

Les dates clés de l'histoire de Luxembourg

 

1684 : Siège et prise de Luxembourg par Vauban ; brève domination française (1684-1697).

1715 : Le Luxembourg passe aux Habsbourg d’Autriche.

1815 : création du Grand-Duché au Congrès de Vienne. Ses frontières actuelles ne seront fixées qu’en 1839.

1867 : Le Grand-Duché acquiert la neutralité perpétuelle.

1957 : avec le traité de Rome, des institutions européennes s’installent à Luxembourg.


Le Luxembourg est une démocratie parlementaire sous le régime d’une monarchie constitutionnelle. Encore une similitude avec la Belgique.


Son Albert II à lui est Son Altesse Royale le Grand-Duc Henri, sur le trône depuis le 7 octobre 2000. Il a cinq enfants avec Maria-Térésa, une roturière originaire de Cuba, qui, apparemment, a été difficilement acceptée au sein de la famille et par certains Luxembourgeois (« C’est quelqu’un de très autoritaire, avec un caractère difficile » nous confie une spécialiste qui ne rate aucun épisode des aventures de la famille Nassau).

Dernière info people, sachez que S.A.R. le Grand-Duc Jean, retraité depuis que son fils Henri a repris le flambeau, a épousé Joséphine-Charlotte de Belgique, fille de Léopold III et soeur d’Albert II.


Une capitale européenne

 

Luxembourg est une des trois villes qui accueillent les institutions de l’Union européenne. Le Grand-Duché participe à l’aventure de l’intégration depuis le début puisqu’en 1948, il est membre fondateur de la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier (la CECA, ancêtre de notre UE) et qu’en 1951, sa capitale devient le siège de cette nouvelle entité.

D’autres institutions comme la Commission, la Banque Européenne d’Investissement ou encore le Cour européenne de Justice sont situées à Luxembourg.

Le pays a donné à l’Europe de grands hommes, dont le fameux Robert Schuman, un des « pères fondateurs ». Le nom de Jean-Claude Juncker vous dit quelque chose ? C’est probablement plus en tant que président de l’Eurogroupe qu’en tant que Premier ministre du Grand-Duché que vous avez entendu parler de lui !


Qui habite au Luxembourg ?

 

Une forte présence étrangère

 

Pas seulement des Luxembourgeois, puisque le Grand-Duché compte près de la moitié d’étrangers dans sa population. En 2010, ils représentaient 215.000 personnes ! C’est le résultat d’une politique d’immigration proactive, qui a notamment accueilli beaucoup de Portugais : la communauté lusophone constitue plus du tiers des étrangers. Il y a également des (9 %) et des Belges (8 %)... Prêtez attention aux annonces de mariages dans les églises et vous remarquerez que les couples 100 % luxembourgeois sont une denrée assez rare !

 

Les travailleurs transfrontaliers

 

À cette composante étrangère de la population qui vit au Luxembourg, il faut ajouter les Allemands, Belges et Français qui font quotidiennement la navette pour venir travailler. Les travailleurs frontaliers représentent tout de même 150.000 personnes !

Si on les additionne aux étrangers installés de façon permanente, on s’aperçoit que sept emplois salariés sur dix sont occupés par des étrangers au Grand-Duché. Le signe d’un véritable esprit d’ouverture pour ce pays qui compte un peu plus de 500.000 habitants seulement...

 

La langue

 

La contrepartie de cette forte présence étrangère, et peut-être aussi d’une histoire qui les a fait passer d’une puissance à l’autre, c’est la préservation de l’identité luxembourgeoise. Les Luxembourgeois y sont très attachés, leur devise est même : « Mir wëlle bleiwen wat mir sinn » (« nous voulons rester ce que nous sommes »). La défense de la culture passe notamment par la pratique de la langue nationale, le Lëtzebuergesch. Entre eux, pas question de parler autre chose, même s’ils maîtrisent parfaitement l’allemand ou le français !

En revanche, les trois langues sont utilisées par l’administration, même si à l’écrit on utilisera plutôt le français. À la chambre des députés, les élus utilisent la langue de leur choix mais les actes législatifs sont rédigés en français. En revanche, les journaux utilisent largement la langue de Goethe !

 


Formalités administratives pour les ressortissants de l'Union européenne

 

En pratique, tous les ressortissants des pays membres de l’Union européenne peuvent se rendre au Luxembourg avec une carte d’identité ou un passeport valides pour une période de maximum trois mois. Ils ont accès au marché de l’emploi au même titre que les nationaux.

Au-delà, il faut demander une attestation d’enregistrement auprès de l’administration communale de son lieu de résidence. Après un séjour de plus de cinq ans ininterrompu au Luxembourg, les citoyens de l’UE ont le droit au séjour permanent.

Lire aussi Les modalités financières d’une installation à Luxembourg.

 

Les écoles à Luxembourg

 

Ecoles polyglottes

 

Le jonglage aisé entre trois langues - le luxembourgeois, le français et l'allemand - a de quoi faire pâlir les Français.C’est qu’au Luxembourg, le système scolaire est polyglotte.

De 4 à 6 ans, les enseignants parlent uniquement Luxembourgeois avec les enfants.

À partir de 6 ans, l’enseignement se fait en allemand, jusqu’à la quatrième année d’étude secondaire (vers 15 ans) : c’est alors le français qui devient la langue véhiculaire.

Ajoutez à ça les heures d’anglais et éventuellement de latin, d’espagnol ou d’italien et vous ne serez pas surpris de l’extrême habilité des Luxembourgeois en langues étrangères !

 

Ecoles françaises

 

Pour les Français qui hésiteraient à scolariser leurs enfants en luxembourgeois ou en allemand, les écoles françaises ne manquent pas dans la capitale. Pour l’école maternelle et primaire francophone à Luxembourg (de la petite section au CM2) prévoyez des frais de scolarité de 2.000 à 2.300 € ; comptez de 1.700 à 2.500 € pour le lycée Vauban (de la 6e à la Terminale). L’école européenne dispose également d’une section française.


L’immobilier dans la capitale

 

La vie est chère en général à Luxembourg et l’immobilier est à la hauteur du coût de la vie. Certains restaurateurs se plaignent d’ailleurs des prix des locations, qui selon eux n’incitent pas la main-d’oeuvre à s’implanter durablement dans la ville !

En location, il faut compter au moins 700 € pour un studio de 30 m2 dans le centre-ville, 1.000 € si vous le voulez meublé ou avec un balcon...

A l'achat comptez au moins 5.000 € / m2 dans le centre-ville et dans un quartier chic (Belair, Merl), comptez minimum 500.000 € pour une modeste maison... jusqu’à deux millions d’euros si vous avez beaucoup d’enfants et voulez un terrain digne de ce nom !

 
Belair et Merl : des quartiers très prisés

 

Les quartiers les plus prisés sont Belair et Merl, tranquilles, résidentiels et parfaits pour les familles.

Pour une grande et belle maison (4 chambres) avec jardin à Belair, il faut compter au moins 5.000 € de loyer.

Un appartement de 100 m2 avec deux chambres se négocie entre 1.500 et 2.000 € par mois, selon la situation et l’état du bien.


Bonnevoie et Gasperich sont également des quartiers très appréciés, réputés vivants et dynamiques.

 

À Bonnevoie un appartement de trois chambres avec une grande terrasse se loue environ pour 2.000 € par mois.

À Gasperich, pour le même prix, vous aurez une maison de 140 m2 à cinq minutes à pied du centre-ville.

 

 


Un week-end à Luxembourg quand on habite en Belgique, donc à côté (2h15 en voiture depuis Bruxelles !), vaut le détour. La ville est classée au patrimoine de l’humanité de l’Unesco, elle a été à deux reprises capitale européenne de la culture (1995 et 2007) et le Grand-Duché est le pays le plus étoilé au guide Michelin proportionnellement au nombre d’habitants !

 

1.000 ans d’histoire à travers les quartiers

 

À l’arrivée dans la capitale, une balade sur les remparts s’impose. Plusieurs itinéraires proposent des visites guidées à travers l’histoire de la ville, notamment l’itinéraire Wenzel, qui promet « 1.000 ans d’histoire en 100 minutes », ou l’itinéraire Vauban, qui insiste sur les points stratégiques de la forteresse.

Si vous préférez découvrir la cité seul, en prenant le chemin Wenceslas et en longeant les remparts, vous pouvez descendre vers la ville basse, le Grund, constituée de charmantes maisons médiévales en bordure de l’Alzette.

Promenez-vous ensuite dans la ville haute autour du palais grand-ducal, en passant par la place d’armes et les rue piétonnes animées qui l’entourent. La ville de Luxembourg est composée de plusieurs quartiers bien distincts. Le Kirchberg, un plateau sur lequel il y avait des vaches et des champs de patates il y a une vingtaine d’années, a renoncé à sa vocation agricole puisqu’il abrite aujourd’hui les institutions européennes (la Banque Européenne d’Investissement, la Cour de Justice, la Cour des Comptes, la Commission), des sièges sociaux, de nombreuses banques et des lieux culturels, comme le Mudam ou la Philarmonie. Il est relié au reste de la ville par le pont Grande-Duchesse Charlotte, en acier rouge, qui tranche avec les reliefs verdoyants de la vallée !


La vie culturelle d’une capitale

 

Musées

 

Côté culture, la ville n’est pas en reste : le musée d’art contemporain, le Mudam, propose tous les six mois une exposition consacrée à sa collection, abordée sous un angle particulier. Le site lui-même vaut le détour, avec son parc donnant vue sur la vieille ville et dans lequel sont disséminées des sculptures parfois étonnantes... Le bâtiment est l’oeuvre de l’architecte Leoh Ming Pei, bien connu à Paris pour avoir donné au Louvre ses pyramides.

Plus expérimental, le Casino Luxembourg-Forum d’art contemporain propose un aperçu des créations contemporaines.

Si vous êtes férus d’histoire, le musée d’histoire de la ville de Luxembourg vous plonge dans la capitale depuis ses origines. De grands diaporamas permettent de comprendre l’évolution de la forteresse et de la cité et la bâtiment présente un mélange réussi d’architecture ancienne et contemporaine.

Si vous préférez la peinture classique, le musée d’art de la ville de Luxembourg possède une collection de peintres flamands du XVIIe siècle ou encore des oeuvres du XIXe siècle français (Delacroix, Dupré, Courbet).

 

Concerts

 

Pour vos oreilles, sachez que la réputation de l’orchestre philharmonique du Luxembourg est très bonne : n’hésitez pas à passer une soirée en sa compagnie !

Si vous préférez quelque chose de plus rock’n roll, la Rockhal accueille des groupes et stars internationales.

Un beau mélange entre culture belge, française et luxembourgeoise...

 


Où dormir

 

Le place d’armes

Un relais & château idéalement situé en plein centre, dans des bâtiments anciens et pleins de charme. Service impeccable. À partir de 220 € la nuit ; de nombreuses formules week-end ou famille.

18 place d’Armes
1136 Luxembourg
Tél : +352 27 47 37
Site : hotel-leplacedarmes.com

 

Melia

Sur le plateau du Kirchberg, avec une très belle vue depuis les chambres. À partir de 90 € la nuit.
1 Park Dräi Eechelen (10 Rue Fort Thuengen)
1499 Luxembourg
Tél : +352 27 33 31
Site : melialuxembourg.com

 


Où manger

 

La cristallerie

Le restaurant gastronomique de l’hôtel Le place d’armes. La salle, son sol et ses vitraux Art nouveau valent le détour !

18 pl. d’Armes
1136 Lxb
Tél : +352 27 47 37

 

Ma langue sourit

Le restaurant étoilé de Cyril Molard, à une vingtaine de minutes de Luxembourg. Plusieurs fois recommandé.
1 rue de Remich
5331 Moutfort
Tél : +352 26 35 20 31
Site : mls.lu


Mama Loves You

Bistrot qui propose des plats, de grosses salades et des pizzas à des prix abordables.

42-44 rue de Hollerich
1740 Luxembourg
Tél : +352 48 28 95
Site : mamalovesyou.lu

 
Le Bistronome

Cuisine des produits de saison, ambiance conviviale. Menu du marché servi le midi et le soir à 34 €, sinon de très beaux plats à la carte mais plus chers.

373 route d’Arlon
8011 Strassen
Tél : +352 26 31 31 90
Site : bistronome.lu

 

Voglie Matta

Un restaurant italien qui n’aurait rien à envier aux trattoria de Calabre !

42 rue Demy Schlechter
2543 Luxembourg
Tél : +352 49 25 54

 

Lisboa II

Pour goûter à la cuisine de la plus importante communauté étrangère du Grand-Duché.

90 Dernier Sol
2543 Luxembourg
Tél : +352 26 48 18 80
Site : restlisboa.lu

 

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