Les pratiques de santé qui n'existent pas en France - La prise en charge des déficients mentaux

Lundi 18 juin 2012 | Texte : Franceline Beretti

La prise en charge des déficients mentaux

 

Il y aurait environ 3.500 adultes handicapés mentaux français en Belgique, et environ 3.000 enfants. Contrairement à ce qui se passe pour les personnes âgées, qui sont essentiellement originaires des départements limitrophes, de nombreux Français placent leur proche handicapé en Belgique alors qu´ils sont très éloignés géographiquement, faute de structures disponibles chez eux. La moitié des départements français fait appel à des établissements belges pour placer les déficients mentaux (c’est le Conseil Général qui finance le placement). Ici, l’accueil n’est pas segmenté selon les catégories de handicaps : il n’y a aucun problème à placer ensemble des personnes trisomiques et schizophrènes, même si leur profil mental n’est pas comparable. Ce qui compte, c’est leur degré d’autonomie, qui est calculé avec une échelle spécifique, l’EBCA (échelle belge de comportement adaptif). Elle permet d’évaluer très précisément l’autonomie d’une personne, à travers 300 questions du type « est-ce que la personne sait tenir sa fourchette seule ? Se lave-t-elle les dents seule ? Réclame-t-elle sa toilette si on ne la fait pas ? ». Ensuite, les groupes sont créés en fonction des possibilités de chacun.

 

Le Carrosse : une entreprise spécialisée dans l’accueil des déficients mentaux français

Cette entreprise gère 9 centres d’accueils, répartis dans toute la Wallonie. Elle compte plus de 250 pensionnaires. «Il faut remettre cet échange dans son contexte historique, précise d’emblée Benoît Duplat, directeur du Carrosse. Avec la séparation de l’Église et de l’État, de nombreuses congrégations se sont réfugiées en Belgique, près de la frontière. Or, traditionnellement, ce sont elles qui s’occupaient des handicapés. » Le phénomène n’est donc pas nouveau.

Mais Benoît Duplat pointe aussi la spécificité des méthodes belges : « Chez nous, on ne parle pas de “malades mentaux“, mais de “déficients mentaux“. Ça n’est pas un détail : nous n’essayons pas de les “soigner“, on s’adapte à une structure mentale différente. En France, nos pensionnaires seraient pris en charge par des infirmiers, des psychiatres, alors qu’ici, les éducateurs forment 63% du personnel. »

Ce personnel travaille autour de quatre pôles :

- pédagogique (les résidents apprennent par exemple à se laver les dents, à faire de la poterie, du calcul… Ils ont parfois besoin de plusieurs années pour le faire, mais cela constitue un réel progrès pour eux),

- sportif (une trentaine d’entre eux participent aux Special Olympics chaque année),

-  paramédical (soins médicaux, pyramide alimentaire, bien-être en général),

- récréationnel (les résidents font des sorties dans le village, dans les bois…).

Le Carrosse propose aussi des retours dans les familles huit fois par an. Ces retours sont gratuits, mais seulement 20% des résidents en profitent. Benoît Duplat y voit un des problèmes de l’éloignement : « certaines personnes handicapées viennent de Nantes, ou de Marseille. C’est très loin, et cette distance complique les échanges. »

Alors comment expliquer que 100 % des résidents du Carrosse soient Français, et qu’il n’y ait aucun Belge? « Au moment de la création du centre, un moratoire a été fixé chez nous sur le nombre de places pour déficients mentaux. Nous proposions donc une offre de places en plus, alors même que l’Etat ne les subventionnait plus. Nous nous sommes alors tournés vers la France. Désormais, nous sommes financés uniquement par les Conseils Généraux et la sécurité sociale.»

 Le Carrosse, 63 chaussée du Roeulx, 7000 Mons, tél : 065 35 63 57

 

 

 

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