Accoucher en Belgique

Paru dans JV 44 - Septembre 2014 | Texte : Stéphanie Grosjean

La mutuelle

Pour bénéficier d’une couverture de base pour vos soins de santé en Belgique, il vous faut dès votre arrivée quitter la sécurité sociale et vous inscrire à une mutualité. Lors de cette inscription vous recevrez la carte SIS (l’équivalent de la carte Vitale), une carte qui vous suit dans toutes vos démarches médicales (prise de sang, frais de médicaments…). Vous recevrez aussi des vignettes nominatives à coller sur l’attestation de soin reçue après votre consultation chez votre médecin en vue de votre remboursement par la mutuelle.

Si vous êtes indépendante, en plus de la mutualité de votre choix, vous devez également vous inscrire et cotiser auprès d’une caisse d’assurance sociale (dont vous trouverez la liste sur le site de l’INASTI, l’Institut National d’Assurance Sociales pour les Travailleurs Indépendants : rsvz-inasti.fgov.be).

L’assurance complémentaire

Pour améliorer votre couverture de base et le remboursement de certaines prestations liées à votre accouchement, vous pouvez souscrire à une assurance complémentaire (l’équivalent de votre mutuelle française), soit auprès de votre mutuelle, soit auprès d’organismes privés. N’hésitez pas à comparer les prix et les couvertures des différents organismes, en fonction de vos besoins car en Belgique, il n’existe pas d’assurance complémentaire qui couvre tous les risques, il faut, pour chacun, choisir une assurance. En outre, pour se prémunir des inscriptions abusives juste avant une naissance, les compagnies imposent un « stage d’attente » (délai de carence) qui va de 3 à 12 mois. Pensez donc à prendre cette assurance dès votre arrivée, même si vous n’envisagez pas une grossesse dans l’immédiat. Si vous arrivez enceinte en Belgique, le remboursement de votre accouchement sera moindre car déterminé par votre couverture de base auprès de votre mutuelle.

Le remboursement

La couverture mutuelle prend en compte la majorité de vos frais si vous optez pour un séjour à l’hôpital en chambre commune (double) : les honoraires des médecins, les médicaments, les frais de votre séjour en chambre, etc. Si vous choisissez une chambre individuelle, sachez que les médecins (obstétriciens, anesthésistes...) sont en droit de vous facturer jusqu’à 300 % de leurs honoraires classiques. La mutuelle ne remboursera pas ces frais supplémentaires liés au luxe d’être dans une chambre individuelle, les assurances complémentaires oui. Pour éviter les mauvaises surprises, n’hésitez pas à parler de votre couverture avec votre médecin bien avant votre accouchement, en lui expliquant, le cas échéant, que vous n’avez pas d’assurance complémentaire. Il pourra alors décider (ou non) de ne pas vous facturer de suppléments d’honoraires.

Si vous accouchez avec une sage-femme, ses prestations seront intégralement remboursées si elle est conventionnée, excepté les préparations à l’accouchement remboursées partiellement.


Où et comment accoucher ?

Il y a plusieurs scénarios possibles : à l’hôpital, à domicile, dans une maison de naissance, avec un gynécologue de garde, privé, ou une sage-femme… Contrairement aux pratiques françaises, la majorité des femmes en Belgique accouchent dans l’hôpital (privé ou public) auquel leur gynécologue privé est lié. C’est ce médecin qui les aura suivies pendant toute leur grossesse. Mais vous pouvez aussi vous diriger vers les consultations prénatales mises en place par l’ONE (l’Office national de l’Enfance) dans certains hôpitaux ou dans ses propres locaux (one.be). De mois en mois, vous serez consultée par une sage-femme ou un gynécologue, et votre accouchement sera effectué par l’équipe de garde de l’hôpital que vous aurez choisi.

Maisons de naissance

Par ailleurs, alors que ce type d’établissement n’est pas légal en France, en Belgique, vous pouvez accoucher dans une maison de naissance dans laquelle des sages-femmes autonomes prennent en charge la responsabilité médicale de votre grossesse et se réfèrent au besoin à la maternité partenaire à laquelle elle est obligatoirement liée. L’approche y est globale, les maisons de naissance proposant un suivi prénatal personnalisé, une assistance tout au long du processus d’accouchement et un suivi postnatal mère et bébé. Ces pratiques restent minoritaires mais révèlent la tendance certaine à lutter contre la surmédicalisation de l’obstétrique.

Il existe plusieurs maisons de naissance en Belgique : l’Arche de Noé à Namur, la Maisonnée à Liège, et la Maison de la Naissance à Bruxelles (qui est davantage une association de sages-femmes). Il y a quelques mois, l’Hôpital universitaire Erasme à Bruxelles a ouvert le Cocoon, un gîte de naissance intra-hospitalier qui offre le confort d’un accouchement « comme à la maison », avec la sécurité de l’infrastructure hospitalière. C’est une première en Belgique, mais ce type d’établissements existe déjà dans d’autres pays.

Accouchement à domicile

En Belgique, l’accouchement à domicile représente 1 % des naissances. Il est envisageable avec une sage-femme indépendante uniquement si votre grossesse ne présente aucun risque et se déroule sans problème. « Il peut se faire à condition qu’il réponde à des critères très stricts : la localisation (pas de 4e étage…), l’état de santé, explique Barabara Debarre, sage-femme indépendante. Et en dessous de 37 semaines, il est interdit. »


Le suivi de la grossesse

On l’a vu, l’accompagnement de votre grossesse peut donc se faire par votre gynécologue attitré, par une sage-femme indépendante ou encore par les médecins et sages-femmes de l’ONE. Si vous optez pour le suivi par une sage-femme, vous devrez tout de même voir au moins une fois un médecin pour qu’il estime si votre grossesse est à risque (c’est la même chose pour un accouchement à domicile ou en maison de naissance).

Consultations prénatales

De plus en plus d’hôpitaux proposent des consultations prénatales faites par une sage-femme, sachant que celle-ci est capable de dépister une pathologie et la référer au gynécologue. Si vous êtes suivie par un gynécologue privé, ce seront des sages-femmes qui s’occuperont de vous en salle d’accouchement, jusqu’à ce qu’il soit temps d’appeler l’obstétricien pour l’expulsion du bébé. C’est encore rare, mais certains hôpitaux mettent le plateau technique de leur maternité à la disposition de sages-femmes indépendantes. Elles peuvent alors accoucher les patientes qu’elles ont suivies depuis le début de la grossesse. En cas de problème, elles se réfèrent au gynécologue de garde.

L’Office national de l’Enfance recommande un suivi précoce et régulier (environ une fois par mois). Il y a 3 échographies proposées (et remboursées) au cours de la grossesse : une première vers 12 semaines, une deuxième dite « morphologique » vers 22 semaines et une troisième vers la 32e semaine. Ces échographies se font à l’hôpital, avec un matériel perfectionné. Il se peut que votre gynécologue privé dispose d’un matériel dans son propre cabinet et vous propose une échographie à chaque visite.

La préparation à l’accouchement

Hormis le suivi médical, beaucoup de méthodes existent pour préparer votre corps à l’accouchement et anticiper l’arrivée du bébé. Cela va de la préparation prénatale classique avec une kiné (dont un certain nombre de séances sont partiellement remboursées par la mutuelle), à la préparation dans l’eau (aquanatal.be), à l’haptonomie (haptonome.be), au yoga, à la sophrologie, la réflexologie, l’acupuncture, l’hypnose, le chant prénatal… Les méthodes sont nombreuses et outre l’aspect physique, elles visent aussi la préparation affective liée au fait de devenir parent (accueillir son enfant, reconnaître ses émotions, communiquer avec son bébé in utero). Vous trouverez beaucoup d’informations sur le site : alternatives.be, ou sur le site de l’Union professionnelle des sages-femmes : sage-femme.be.

L’inscription en crèche

Pour mettre toutes les chances de votre côté et faire garder votre enfant dès le moment qui vous convient, il est nécessaire de l’inscrire dans un milieu d’accueil dès le 4e mois de votre grossesse. En cas de réponse positive, vous devez confirmer votre inscription au 7e mois. En savoir plus.


A la maternité

La déclaration de naissance :

Votre enfant venu au monde, l’Etat reçoit automatiquement un « avis de naissance » de la structure dans laquelle vous avez accouché. Dans les 15 jours qui suivent la naissance, vous (la mère, le père ou les deux) avez néanmoins l’obligation de faire une déclaration de naissance auprès des services communaux de la commune où votre bébé est né. Vous recevrez un certain nombre d’attestations de naissance, nécessaires pour demander les allocations familiales, inscrire votre enfant à la mutuelle comme personne à charge…

Dans certaines communes, il est possible de déclarer la naissance directement à la maternité. Ce type de déclaration offre les mêmes garanties en terme d’authenticité de l’acte. Les hôpitaux et le service d’état civil doivent être équipés d’un système informatique commun.

La déclaration au Consulat à Bruxelles :

Pensez aussi à faire enregistrer la naissance sur les registres de l’Etat civil consulaire, cela facilitera certaines formalités administratives françaises (sécurité sociale, passeport…). Rien d’obligatoire pour autant. Deux possibilités pour le faire : par transcription à tout moment pendant la minorité de l’enfant ou par un acte « dressé » dans les 15 jours après la naissance. Renseignez-vous auprès du Consulat : consulfrance-bruxelles.org.

L’allaitement

Contrairement aux pratiques françaises, en Belgique, il existe un programme national qui émane du Ministère de la santé pour la promotion de l’allaitement maternel. Par ailleurs, depuis 1991, l’OMS et l’UNICEF ont lancé l’Initiative Hôpital Ami des Bébés, pour favoriser les conditions de la mère et de l’enfant lors de sa naissance, et soutenir l’allaitement (plus d’infos sur le site de La Leche League Belgique : lllbelgique.org). à ce jour, 23 maternités belges ont obenu le label (contre 19 en France). « C’est une très bonne incitation, ce soutien ministériel, explique Dominique Haumont, chef du Service de néonatologie du CHU Saint Pierre à Bruxelles. En néonatologie, on préconise traditionnellement de donner aux prématurés du lait de banque, alors qu’en Belgique, on défend l’idée du don individuel (de la mère à son propre enfant), et si possible, du lait frais. En France, on préfère donner du lait pasteurisé (surtout en dessous de 32 semaines), pour les risques liés à la transmission du CMV par le lait maternel. »

Accompagnement

Bien-sûr, le fait d’allaiter ou pas reste votre propre choix ! Et l’insistance de certains hôpitaux à choisir l’allaitement, qui nous a été rapporté par quelques personnes interrogées, peut être vécu difficilement. N’hésitez pas à communiquer vos intentions en arrivant à la maternité pour que l’équipe soignante puisse vous guider quel que soit votre choix. Sachez aussi que, de retour chez vous, vous pouvez faire appel aux services d’une sage-femme de l’ONE pour vous conseiller si l’allaitement se passe difficilement. « J’ai eu beaucoup de difficultés pour allaiter ma fille aînée, explique encore Elisabeth. Une sage-femme est venue régulièrement chez moi pour m’encourager, m’expliquer les bonnes positions parce que j’avais eu une césarienne. Si j’avais été en France, on m’aurait convaincue de passer au biberon illico. »


Après l'accouchement

Le suivi postnatal (kiné/sage-femme...)

En France, l’accompagnement après l’accouchement se limite à de la rééducation du périnée et à l’aspect strictement gynécologique de la chose. « En Belgique, l’approche est plus globale pour que le périnée se remette plus vite : on travaille bien les postures, la sangle abdominale, la position du bassin, le périnée peut se remettre bien plus vite, explique Delphine Reuliaux, kinésithérapeute à Uccle. Les femmes que nous recevons viennent aussi pour prendre du temps pour elle et pour leur bébé, rencontrer d’autres mamans, avoir des conseils…».

L’INAMI prévoit le remboursement de 9 séances de kiné privées en pré et postnatal. Votre médecin pourra prescrire jusqu’à 18 séances qui seront remboursées si votre problématique est toujours bien liée à l’accouchement.

Les congés de maternité et de paternité

Pour la mère : si vous êtes salariée, vous avez droit à un congé de 15 semaines, dont 1 à 6 semaines à prendre avant l’accouchement et minimum 9 semaines après (respectivement 3 et 5 pour les indépendantes). Vous n’êtes pas obligée de prendre l’intégralité des six premières semaines, cependant, la semaine juste avant la date présumée oui : elle sera perdue si elle n’est pas prise. Votre indemnité sera payée par votre mutualité, le premier mois à 82 % de votre salaire brut, et après, à 75 % de ce dernier plafonné. Si vous êtes indépendantes, vous pouvez bénéficier de 105 titres services appelés « chèque maternité » pour passer plus de temps avec votre bébé. En cas de situations particulières (naissance multiple, maladie, adoption, hospitalisation…), informez-vous sur le site one.be.

Pour le père : le papa peut bénéficier d’un congé de paternité de 10 jours qui doivent être pris dans les quatre mois à dater de la naissance. L’employeur paie les trois premiers jours de ce congé (rémunération complète) et l’allocation versée par la mutuelle pour les 7 jours suivants est de 82 % du salaire brut. Les pères indépendants n’ont pas droit au congé de paternité.

La prime de naissance et les allocations familiales

Vous avez aussi le droit à une prime de naissance de 1.107,80 euros pour le premier enfant et de 833,99 euros pour les suivants. Vous pouvez l’obtenir dès le 6e mois de grossesse auprès de votre caisse d’assurances sociales. Vous toucherez également des allocations familiales : 90,28 euros par mois pour le premier enfant (80 euros pour les indépendantes) ; 167,5 euros pour le deuxième et 249,41 euros pour le troisième (toutes ces sommes s’accumulent).

Les congés parentaux

En Belgique, les parents salariés ont la possibilité de prendre des congés pour l’éducation de leur enfant : le congé parental est une forme spécifique d’interruption de carrière pour s’occuper de son enfant en bas âge. Il peut être pris jusqu’aux 12 ans de votre enfant et peut prendre trois formes : une interruption complète pendant 4 mois (771,33 euros brut/mois), une réduction des prestations de travail à mi-temps pendant 8 mois (385,66 euros brut/mois) ou une réduction d’un cinquième temps pendant 20 mois (130,83 euros brut/mois).

Le congé parental peut être pris par chaque parent et votre employeur ne peut s’y opposer si vous avez 12 mois d’ancienneté dans les 15 mois qui précèdent la demande. Mais il peut le reporter jusqu’à 6 mois, pour des raisons justifiées et relatives au fonctionnement de l’entreprise.

 

Newsletter

L'agenda

JV en kiosque - Abonnement

AVRIL 2022

cover JV86

 

 

  • Enquete: L'essor des cercles privés
  • Spécial montres: Design et innovations
  • Escapade, Bordeaux sans modération

 

 

 

Do you speak belge?

Quelques expressions belges et leur explication :