L’Europe en 25 questions - Les Bruxellois et les Eurocrates

Paru dans JV 26, septembre 2011 | Texte : Franceline Beretti, Photos : Denis Eroyaux

 Paru dans JV 26, septembre 2011.

 

Les Bruxellois et les Eurocrates

 

10. Qu´est-ce qu´un eurocrate ?

 

Une Belge à qui nous posons la question rectifi e immédiatement : « à Bruxelles, on dit ‘Eurocrotte’ ». Le ton est donné !

Malgré son aspect péjoratif, le terme désigne à l’origine ceux qui travaillent pour les institutions européennes. Soit environ 50.000 personnes, dont les trois-quarts sont à la Commission.

Mais quels êtres humains se cachent derrière ? L’Eurocrate est de manière très égalitaire un homme ou une femme, les institutions européennes respectant la parité. Il parle minimum deux langues (parmi lesquelles l’anglais, le français ou l’allemand), en fait souvent trois ou quatre, et travaille 37,5 heures par semaine... en théorie ! La plupart font beaucoup plus.

Si votre rêve est de travailler à la Commission, vous pouvez l’intégrer en tant qu’agent contractuel, expert envoyé par votre gouvernement national ou stagiaire. Il y a de tout ! Si vous rêvez d’être fonctionnaire européen, en revanche, il vous faudra être recruté par l’Office européen de sélection du personnel. Avec un concours costaud à l’entrée. En cas de succès, vous serez inséré dans une échelle hiérarchique complexe… et gagnerez de 2.300 à 16.000 € par mois, avec 24 jours de congés annuel et un départ à la retraite à 63 ans !

 

11. Quels sont les privilèges d’un fonctionnaire européen ?

 

Les Belges ont parfois la dent dure contre les eurocrates. Tellement dure que certains leurs attribuent des privilèges qu’ils n’ont pas !

En revanche, les fonctionnaires des institutions ont des avantages incontestables.

 

Les écoles européennes

Il y a cinq écoles européennes en Belgique, dont quatre à Bruxelles.

Elles proposent un enseignement fondamental dans 15 langues offi cielles de l´Union. Dès la première année du primaire, les élèves apprennent une deuxième langue qui est forcément une des langues véhiculaires de l´Europe : Anglais, Français ou Allemand. Quelques années plus tard, ils apprennent une troisième langue étrangère ! Et, en option, l´apprentissage d´une dernière langue est possible… Résumons : un petit Polonais peut commencer l’école dans sa langue maternelle, puis avoir une partie des enseignements en français, avec l’anglais comme troisième langue et, enfin de scolarité, des cours d’italien ! Le niveau de ces écoles est réputé excellent mais il a un prix : un an de scolarité revient environ à 10.000 € pour les parents.

 

Le système des crèches

 

Un des autres avantages dont bénéficient les eurocrates est le système de crèches. Tous les parents s´étant battus pour avoir une place en France savent à quel point faire garder son enfant peut être un parcours de combattant ! 

À Bruxelles, les fonctionnaires européens disposent de cinq crèches, dont trois autour du rond point Schuman. Elles sont ouvertes de 8h à 18h15, accueillent en tout plus de 1.000 enfants âgés de 8 mois à 4 ans. Là encore, c´est une belle façon d´apprendre la langue de l´autre… si l´on n´est pas francophone à l’origine.

Pour bénéficier de ce service, les Européens paient un montant qui varie en fonction de leurrevenu. Il représente 9 % des revenus totaux d´un ménage pour un enfant mais il ne peut pas dépasser 1.062 € par enfant et par mois.

 

12. Est-il devenu impossible de vivre à coté des institutions ?

 

C’est un thème classique dans les quotidiens belges. Pourquoi la vie à côté des institutions est-elle insupportable ?

Selon Marie-Jo, une habitante du quartier de la place Jourdan, c’est surtout pénible certains jours de l’année. « Lorsque les chefs d’état sont là, pour le Conseil, tout est bloqué. On ne peut pas circuler en voiture, il faut montrer patte blanche à chaque carrefour, la vie quotidienne devient impossible ! On ne peut pas rentrer du supermarché et descendre ses courses devant sa porte, par exemple. Il y a quelques années, le petit garçon de mes voisins n’a pas pu rentrer chez lui après l’école car il n’avait pas ses papiers sur lui ! Avec le 11 septembre 2001, il y a eu un renforcement des règles de sécurité qui a encore compliqué les choses. Mais les policiers discutent avec nous et sont très sympathiques. ça aide (parfois) à faire passer la pilule… ».

Autre conséquence de l’arrivée des institutions : la flambée des loyers. Beaucoup de Bruxellois s’en plaignent, mais les propriétaires sont plutôt contents… question de point de vue !

 

13. Pourquoi l´Europe est-elle à Bruxelles ?

 

Avant l´entrée en vigueur du traité de Rome, en 1958, il fallait trouver un siège pour la CEE et l´Euratom. Certains, dont Jean Monnet, prônent la création d’un « district européen » réunissant toutes les institutions. Ils n´imposeront pas leurs vues : Luxembourg veut garder la CECA mais n´est pas prêt à accueillir ces nouvelles organisations, avec leur flot de fonctionnaires internationaux ! Paris est candidate, mais n´a aucune chance d´être acceptée par les partenaires de la France, surtout l’Allemagne, qui redoute son hégémonie. Strasbourg est mal défendue… C´est donc finalement Bruxelles qui est choisie, pour sa position centrale entre les états membres du Nord et du Sud et le caractère europhile de la Belgique.

 

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