Malines

Paru dans JV22, déc-jan 2011

Concentré d’histoire, Malines resplendit d’édifices médiévaux, gothiques ou Renaissance… La ville flamande « aux tours inachevées » réserve nombre de surprises.

Pile à mi-chemin sur l’axe Bruxelles-Anvers (E19), Malines (distante de l’une et l’autre d’à peine 25 km) est une petite ville baroque et flamboyante, avec ses 336 édifices et monuments protégés qui la composent. Quatre sont d’ailleurs inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Malines est aussi une ville active de 80.000 habitants stratégiquement située. Une cohorte d’hommes d’affaires très cosmopolites y fait halte tous les soirs de la semaine et investit hôtels et restaurants.

Un autre fleuron de la Flandre donc, qui a plus d’un atout pour séduire les visiteurs d’un jour ou plus.

La Grand Place

D’abord, il y a son architecture bien sûr dont la découverte démarre une fois encore sur la Grand Place. Aérée et piétonne, elle est bordée par un singulier hôtel de ville fait de trois édifices de styles différents, datant des XIVe et XVIe siècles.

Au centre, un beffroi inachevé flanqué à droite d’une halle aux draps de style gothique sobre et à gauche d’un palais, véritable dentelle de pierre, achevé en 1911.

Autre tour inachevée, c’est celle du clocher de la cathédrale Saint-Rombaut qui se dresse juste en face et se révèle pourtant si imposante derrière une rangée de façade à pignons. Sa construction débutée au XIIIe siècle ambitionnait à l’origine d’atteindre les 167 mètres. Un projet qui s’est clôturé trois cent ans plus tard alors que le clocher ne dépassait pas les 97 mètres. Qu’importe, la cathédrale traversera les âges, tout comme celle d’Anvers,
faisant figure d’exemples incontestés de la splendeur de l’art gothique brabançon.

Malines, capitale européenne de l'art campinaire

Si les Malinois vivent depuis longtemps à son rythme, les visiteurs, eux, lèvent souvent leur regard au ciel, le souffle coupé par l’intense mélodie qui peut filtrer à tout moment de la tour Saint-Rombaut.

Capitale européenne de l’art campinaire, la très respectée École royale du carillon vient s’y exercer tout au long de l’année, même le week-end.

Sous son enchantement, on grimpe alors sans broncher les 514 marches du clocher pour découvrir du haut de ses 6 paliers deux immenses carillons. Ces derniers sont composés de 49 cloches chacun dont l’antique Salvador qui pèse pas moins de 8.884 kg et le nouveau carillon de plus de 40 tonnes, soit un entrelacs de mastodontes en bronze, mais aussi les fabuleux rouages d’une horloge et toute la majesté d’un grand orgue vu de haut. Au sommet
de la tour Saint-Rombaut, la plateforme panoramique permet d’embrasser la ville au coeur du plat pays avec à l’horizon, l’Atomium !

 

L'héritage religieux de Malines

Le Cabinet des Fous : de retour au niveau des pavés, il reste à flâner sur Katelijnenstraat, faisant halte au n°22 pour visiter le Cabinet des Fous, un atelier d’art depuis le XVIe siècle installé dans une maison superbement restaurée, nommée « t’Vliegend Peerd », qu’occupait autrefois la belle-mère de Bruegel. La collection de ce petit musée est consacrée aux peintres satiriques dans la lignée de Bosch et de Bruegel.

On poursuit ensuite vers le Petit, puis le Grand Béguinage, devenu un charmant quartier résidentiel où vivent beaucoup d’artistes et adeptes de la bohème.

Mais aux quatre vents, que l’on poursuive vers le marché aux bestiaux (Veemarkt), le marché au maïs (Korenmarkt) ou celui aux Poissons (Vismarkt), les balades sont ponctuées par les huit églises de la ville. Un patrimoine inestimable hérité d’abord du temps des princes-évêques de Liège qui possédaient Malines. Et bien après l’ère des comtes de Flandres et des ducs de Bourgogne, la ville est restée le siège de l’archevêché, pour devenir en 1962 celui de Malines-Bruxelles. C’est donc là que vit le primat de Belgique, Mgr Léonard, qui a succédé au cardinal Danneels en janvier 2010. Les églises, la cathédrale ou la basilique recèlent toutes foule d’oeuvres de grands maîtres. Notons par exemple une des versions du Christ en croix d’Antoon van Dyck (St Rombaut) ou La Pêche miraculeuse de Rubens à admirer dans l’église Notre-Dame-au-delà-de-la-Dyle.

 

Marguerite d’Autriche, de pion à fin stratège

L’archiduchesse d’Autriche (1480–1530) est restée « LA » célebrité de Malines. Successivement princesse de Bourgogne, fille de France, infante d’Espagne, duchesse de Savoie et gouvernante des Pays-Bas, Marguerite possède sa statue au pied de la cathédrale de Malines.

Élevée sur les bords de la Loire, celle qui devait épouser Charles VIII sera répudiée pour des raisons politiques. Afin de contrer la France, son père Maximilien Ier se rapproche des rois catholiques et scelle une nouvelle union avec Jean de Castille, mais la lune de miel à peine achevée, ce dernier décède. Marguerite se remarie ensuite à Philibert II, duc de Savoie, qui meurt à son tour 3 ans plus tard.

Veuve éplorée mais érudite, éveillée aux subtilités de la politique et richissime grâce à ses deux unions, Marguerite, qui est régente des Pays-Bas bourguignons dès ses 27 ans, installe sa cour à Malines, un des centres septentrionaux de la Renaissance. En véritable mécène, elle y accueille artistes et fins esprits de l’époque (comme Érasme ou Thomas More) écrivant ainsi dans cette ville les pages d’or de son histoire.

Le palais de Marguerite qui deviendra plus tard la résidence de l’archevêque puis le siège du Grand Conseil (Cour Suprême de Justice), avec son jardin à l’italienne, témoigne des frémissements éclairés de la Renaissance. Son palais de Malines où elle élèvera son neveu et futur Charles Quint, ne fait qu’un avec celui où vécut sa grand-mère, Marguerite d’York.

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