Louvain-la-Neuve : une université au milieu des vaches
De par son appellation, la ville de Louvain-la-Neuve, écrite LLN par les plus intimes, laisse deviner qu’elle n’appartient pas à ces villes historiques qui forment la Belgique.
Pourtant elle porte le nom de Louvain, une ville authentique du Brabant flamand, mais alors quelle est donc son origine ?
Université dès le Moyen-Age
L’Université de Louvain (« Leuven » en néerlandais) est originellement fondée en 1425, dans la ville flamande du même nom. Elle est la plus ancienne université de Belgique et l’une des toutes premières d’Europe. Elle est d’abord appelée Université de Louvain, le nom officiel d’Université Catholique de Louvain lui est attribué en 1834.
Au cours du XXe siècle, naissent les premiers mouvements de « flamingants » (terme péjoratif désignant les Flamands défendant activement leur langue et leur culture), désireux d’occuper le devant de la scène après avoir laissé le français s’imposer comme langue officielle.
En 1963, date clé de l’histoire de la Belgique, la frontière linguistique est officiellement reconnue. Elle sépare le Nord (Flandre) du Sud (Wallonie) de la Belgique.
En 1968, alors qu’en France la révolte de mai fait rage, les étudiants néerlandophones manifestent aussi, mais pour une toute autre cause. Ils souhaitent ériger à Louvain une université de langue néerlandaise... uniquement ! Le dédoublement des cours dans les deux langues ne suffit plus, les flamands veulent le départ pur et simple de leurs voisins d’auditoire francophones.
Le fameux cri de « Walen Buiten ! » (en français, « Dehors les Wallons ! ») provoquera l’effet escompté puisque une scission a effectivement lieu le 19 novembre 1968.
La naissance d'une 2ème université
Cette division ne laisse alors pas de choix, un nouveau site universitaire doit être créé pour accueillir les 12.000 étudiants expulsés. De toute évidence, la nouvelle université doit prendre ses quartiers dans le Brabant wallon et près du site originel de préférence.
Le plateau de Lauzelle, d’une surface de 900 hectares, situé dans la commune d’Ottignies, est choisi. Sa situation est stratégiquement idéale. Campé à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, le futur site universitaire se pose en relais idéal pour combler le vide entre la capitale et les principales villes wallonnes. à l’origine, moins de 10 agriculteurs exploitaient ce plateau.
La création de cette université est donc confiée aux mains de concepteurs, urbanistes et architectes. Un architecte américain s’occupe du projet dont le travail sera complété par des Belges afin d’y donner une dimension plus européenne. L’université étant un lieu de dialogue et d’échanges, ses initiateurs souhaitaient lui donner un aspect humain. Le choix de routes tortueuses et piétonnes se montre alors audacieux.
Le site est finalement construit selon une manière assez spéciale : une dalle de béton qui sépare le sous-sol composé de multiples parkings accessibles par des routes et la surface qui réunit l’université et les quartiers résidentiels. Objectif ultime : atteindre n’importe quel point de la ville sans voiture.
Bien que les motivations premières de la construction de Louvain-la-Neuve soient de nature académique, une ouverture économique, sociale et culturelle s’est peu à peu observée.
De l'université à la ville
Progressivement, la proportion du nombre d’étudiants par rapport aux habitants s’est réduite. Les habitants se réunissent régulièrement et interviennent dans le développement de la ville.
Aujourd’hui cinq quartiers résidentiels gravitent autour du centre de Louvain-la-Neuve : le Biéreau, Lauzelle, l’Hocaille, les Bruyères et la Baraque. Pour de nombreux habitants, l’avantage de Louvain-la-Neuve réside principalement dans son caractère piétonnier : tout est à portée de main !
Son architecture rebute et fascine à la fois. Les bâtiments de briques rouges aussi identiques les uns aux autres donnent parfois l’impression d’une ville artificielle.