Les Fournisseurs de la Cour de Belgique

Paru dans JV 46 - déc jan 2015 | Texte : Aliénor Debrocq, Photos : Xavier Harcq

« Fournisseur de la Cour » est un titre honorifique aux retombées économiques non négligeables. Selon Jean-Jacques Strijp, « cette reconnaissance du travail bien fait est un tremplin vers une nouvelle clientèle. En moyenne, le chiffre d’affaires de l’entreprise se multiplie jusqu’à cinq car ce sont alors toute la Cour, la noblesse et la bourgeoisie qui se mettent à passer commande auprès de ce fournisseur. C’est également une plus-value à l’exportation. La brochure de l’Association est présente dans les ambassades étrangères à Bruxelles et les ambassades belges dans le monde. »

Posséder le brevet implique-t-il en retour d’offrir certains avantages au Roi ? « A l’époque de Léopold II, il était de bon ton que les médecins ou les autres professions libérales appelées auprès du Roi n’envoient pas la facture. à la place, on décernait une décoration, on offrait une médaille pour services rendus », explique Francis Balace. Aujourd’hui, tout cela a bien changé, et le Palais royal ne bénéficie d’aucun avantage sur la TVA ni de facilités de paiement. Les Fournisseurs Brevetés facturent ainsi le Palais au même tarif que tous leurs clients, et sont tenus d’offrir la même qualité de service à tous.

Le brevet n’est en rien un critère de standing ni de prestige : l’élitisme et le luxe sont bel et bien proscrits ! « Il s’agit bien des Fournisseurs de la Liste Civile, rappelle Jean-Jacques Strijp, soit des dépenses officielles financées par les Belges pour les visites d’état, les réceptions, les cadeaux officiels, les vœux de fin d’année, etc. Cela concerne toute la vie du Palais et ses besoins quotidiens, exactement comme les besoins de tout ménage. Les seuls critères sont donc que le produit doit être bon, la personne décente et la facturation en ordre. Et l’entreprise doit avoir un siège social en Belgique et un numéro d’entreprise belge. »

Cette définition explique que l’on trouve sur la liste officielle des fournisseurs comme Belgacom, Loca-Vaisselle ou Rentokil : « C’est la diversité de ses membres qui fait la richesse de notre association ; l’assemblage de moyennes et petites firmes, d’artisans et de grosses sociétés... » Les domaines commerciaux qui obtiennent le brevet sont ainsi très variés. Différents secteurs ont été définis par l’Association sur base de la liste existante, mais d’autres pourraient s’y ajouter car aucune restriction n’est de mise : maisons de bouche ; mode, beauté et habillement ; ameublement et décoration ; automobile ; bureautique ; entretien ; loisirs et sports sont les catégories actuelles.

Aujourd’hui, il n’y a plus de restaurant sur la liste, ce qui pourrait s’expliquer par la limitation croissante des frais royaux, décidée par les gouvernements successifs. L’hôtel Plaza est en outre le seul établissement hôtelier à y figurer. « Pour l’anecdote, il n’y a plus non plus de poissonniers, alors qu’un établissement de Bruges est justement fournisseur de la cour du Japon ! » s’exclame Jean-Jacques Strijp.

Site : dghb.be.

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    Il semblerait que le Turc belge ne s’exprime pas comme le Turc français : l’appellation Kebab qui orne le fronton du snack turc de France est ici remplacé par Durum

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     Puisque vous le dîtes ...

  • « Bleu »

    ... Fleur bleue !