La maison Cremers : fabricants de bougies

Paru dans JV16, déc-janv.2010 | Texte : Julie Galand

Sommaire

Paru dans JV16, déc-janv.2010.


Manufacture de cierges et bougies depuis 1854

 

L’histoire de cette manufacture de cierges et de bougies remonte à cinq générations.

Elle commença en 1854, lorsque l’arrière-arrière grand-père de Pablo Cremers se lança dans une petite activité de blanchiment et de conditionnement de cire d’abeille. « Étant naturellement jaune, la cire était alors réduite en copeaux et blanchie progressivement à l’air libre, dans le jardin, à l’emplacement de l’actuel atelier. Une fois décolorée, elle était ensuite conditionnée sous forme de pains dont se servaient les nombreux
petits fabricants de cierges qui, dans chaque paroisse, s’occupaient de la rouler en cierges », explique Pablo.

Lorsque la 2ème génération prend le relais, l’arrière grand-père décide d’étendre son activité à la fabrication de cierges proprement dite. Celle-ci ne commença donc véritablement qu’au tournant du siècle dernier. L’évolution du métier ayant conduit à la fonte et au mélange de la cire, conditionnée ensuite pour de nombreuses petites manufactures, un atelier est construit à l’arrière de la maison. L’activité familiale ne cessa pas vraiment durant la Seconde guerre mondiale, mais prit un tour pour le moins insolite : le grand-père de Pablo
ne parvenant plus à se procurer les matières premières nécessaires, il se lança dans la fabrication de « faux cierges d’autel », figurés par d’épais manchons de bois peints en blanc et surmontés d’une petite ampoule électrique.

 

Evolution des techniques de fabrication

 

Jusqu’en 1962, la seule manière de façonner les cierges était de ramollir la cire d’abeille à l’eau tiède, puis de la pétrir et de la rouler à la main sur un banc, autour d’une mèche de coton.

Aujourd’hui, la technique exclusivement manuelle du roulage a pratiquement disparu au bénéfice du trempage, effectué à l’aide d’un carrousel permettant de fabriquer 92 cierges à la fois par une série d’immersions successives des mèches de coton dans une cuve de cire chaude.

Parallèlement à ce mode de fabrication, le père de Pablo fit l’acquisition de trois anciennes machines à couler les cierges d’offrande qui produisent chacune encore environ 200 cierges toutes les 20 minutes.

 

De la cire d'abeille à la paraffine

 

« La cire d’abeille intervient encore partiellement dans la fabrication des cierges, mais la paraffine - un dérivé de pétrole plus stable et meilleur marché que la cire d’abeille - est aujourd’hui devenue l’ingrédient de base des bougies de décoration. Pour réaliser celles-ci, nous employons donc une paraffine de bonne qualité, pauvre en huile, qui garantit une combustion très neutre, c’est-à-dire à la fois efficace et relativement peu génératrice d’émissions de substances toxiques ».


Depuis 2001, la fonte des cires, qui s’effectuait jadis à la flamme vive, se fait par circulation d’eau chaude dans des cuves en inox à double parois équipées d’un thermostat. Une minuterie permet de mettre la cuve en route à 4h du matin, et de porter les plaques de paraffine à une température de 78 degrés. Cette température,
idéale selon Pablo Cremers, permet d’obtenir un résultat lisse mais pas trop cassant, et relativement dépourvu de bulles.


Principes écologiques

 

Autre parti pris de la maison : ni parfum, ni teinture dans la masse.

« En effet, la fonction première d’une bougie est de bien brûler, que ce soit pour éclairer chaleureusement une pièce ou parce que la flamme elle-même revêt une signification forte, comme dans une église. Je trouve dommage de parfumer les bougies, d’autant qu’il se dégage de la combustion des bougies parfumées certaines substances toxiques. Il est alors nettement préférable d’utiliser un brûle-parfum qui chauffe le parfum au lieu de le brûler.

 
Pas de coloration dans la masse : un triple avantage

Quant au parti pris de ne pas colorer les bougies dans la masse, également plus écologique, il offre d’autres avantages :

« Tout d’abord, la lumière perce et se diffuse mieux depuis l’intérieur lorsque celui-ci reste blanc. La patine extérieure étant constituée de différentes cires dont le point de combustion est plus élevé, elle forme une couche de protection permettant une combustion plus harmonieuse de la bougie. L’effet de lumière sur la partie externe n’en est que plus intéressant.

En outre, ce système nous offre de sérieux avantages en termes de stockage, car nous ne pourrions pas stocker en permanence 80 formes de bougies dans 72 couleurs différentes, soit près de 6000 bougies différentes.

Enfin, ce qui ne gâche rien, la combustion de bougies non parfumées et non teintées dans la masse permet une combustion plus saine car plus pauvre en composés chimiques et cancérigènes tels que le formaldéhyde et le benzène ».

Et l’esthétique n’en pâtit guère, avec l’aspect mat et brut de la finition, volontairement irrégulière, qui donne à la collection un caractère original, à la fois noble et rustique.

 

Newsletter

L'agenda

JV en kiosque - Abonnement

AVRIL 2022

cover JV86

 

 

  • Enquete: L'essor des cercles privés
  • Spécial montres: Design et innovations
  • Escapade, Bordeaux sans modération

 

 

 

Do you speak belge?

Quelques expressions belges et leur explication :