La maison Cremers : fabricants de bougies

Paru dans JV16, déc-janv.2010 | Texte : Julie Galand

Sommaire

Paru dans JV16, déc-janv.2010.

 

 La maison Cremers aujourd'hui

 

 

La reprise de l’entreprise familiale par Pablo, en 1999, n’était pas vraiment préméditée : « Ni mes parents, ni moi n’y pensions initialement. J’ai commencé des études supérieures, tenté l’interprétariat, et me suis finalement rendu compte en rencontrant ma femme que je ne me voyais pas faire autre chose : travailler la matière, dans cet univers, cela fait partie de ma façon d’être et de vivre ».

Aujourd’hui, Pablo Cremers s’occupe davantage de la gestion des commandes et des contacts avec les clients, tandis que Jade s’occupe du magasin et de la comptabilité. Quant à la production proprement dite, elle est l’oeuvre de trois compagnons de longue date, Philippe van Hollandt, Fabrice van Hove et Gricha Branche.

Depuis 10 ans, à côté des cierges pascaux qui représentent encore environ 60 % de sa production, la Maison s’est lancée dans la fabrication de bougies de décoration, qui permettent de compenser la légère tendance à la baisse des commandes de cierges, influencées par la désaffection des églises.

Distribuées à travers un réseau d’environ 70 détaillants principalement implantés dans des villes de Wallonie et à Bruxelles, les bougies Cremers commencent même à s’exporter en France et en Suisse. Une jolie réussite pour une entreprise qui tient à conserver sa taille et son mode de fonctionnement actuels en alliant ce qui a fait sa réputation aux enjeux et nécessités de l’économie actuelle.

Leur credo ? « La vigueur d’une entreprise familiale se mesure dans sa capacité à évoluer sans jamais perdre l’acquis transmis par les générations précédentes. Puiser de nouvelles forces créatrices dans le savoir-faire accumulé au fil du temps pour que l’aventure se poursuive. »


Les raisons d’un succès

 

« À l’époque de la création de la Maison Cremers, nous apprend Pablo, plusieurs autres sociétés familiales ont vu le jour à travers la Belgique dans le même créneau. Certaines d’entre elles étaient encore actives il y a 10 ans seulement. Il est d’ailleurs frappant de constater à quel point ce métier s’est perpétué de génération en génération : les dirigeants actuels des entreprises qui ont perduré sont tous les descendants des fondateurs. Aujourd’hui, la situation est un peu différente : pour une manufacture qui s’est transformée en “ grosse boîte ”, beaucoup ont tenté de se développer et ont échoué. Nous sommes dès lors nettement moins nombreux aujourd’hui qu’avant. »

La Maison Cremers, elle, a opté pour une adaptation en douceur de ses produits et de ses techniques, une évolution stable, rationnelle et sereine, qui ne se disperse pas à tous vents.

« Par rapport à d’autres, nous n’avons pas tellement tenté de nous agrandir ou de nous développer sans arrêt ». La demande a bien sûr évolué au fil du temps, en parallèle avec la baisse de fréquentation des églises : « Il y a vingt ans, nous avions besoin d’un ouvrier à plein temps rien que pour la fabrication des cierges. Celle-ci n’occupe même plus à présent l’équivalent d’un mi-temps. »

 


Petit tour en coulisses

 

Côté cour, l’atelier est divisé en plusieurs petites pièces, en fonction des étapes et des types de produits qui y sont fabriqués.

Dès l’entrée, de gros blocs de paraffine blanche attendent leur tour.

Dans un petit réduit attenant, les cierges d’offrande sont fabriqués par « coulage » dans d’improbables machines qui semblent avoir déjà bien vécu. Plus loin, le compartiment consacré au moulage donne sur la pièce principale, où s’effectuent les finitions.

Ici, on vit au rythme de deux périodes charnières : en été et jusqu’en décembre pour les produits liés aux fêtes de fin d’année, et de janvier à mars pour la production quasi-exclusive de cierges de Pâques. À cette époque, les cierges sont agrémentés de motifs joyeux et colorés, un rien naïfs, autrefois peints à la main et aujourd’hui réalisés en cire, puis moulés sur base d’un modèle créé par la céramiste Myriam Le Paige. « Ce système, plus simple, nous permet aussi de nous distinguer de la concurrence, souvent plus tentée par des motifs plus sombres et plus traditionnels ».

Une fois fondue, la paraffine est versée dans des seaux ou des cruches par le biais de robinets situés au bas des cuves. Elle est ensuite coulée dans des moules classiques, en bois vernis ou en aluminium, ou plus atypiques, selon l’effet souhaité.

Ainsi, il y a peu, Pablo a récupéré d’anciens réflecteurs de spots, dont la forme permet aujourd’hui la création de bougies creuses ayant la propriété de flotter en étant partiellement immergées. Un modèle qui se prête à merveille à la décoration de plans d’eau et autres piscines pour les soirs d’été.


Pour compléter sa production, la maison s’est essayée à la vente d’autres objets et produits liturgiques, tels que vins de messe, neuvaines, hosties ou chasubles bien que la vocation première reste toujours de fabriquer des bougies et des cierges de qualité. Sous l’appellation « Le Bal des Lucioles », la famille Cremers investigue également du côté des illuminations festives destinées aux réceptions. Avis aux amateurs éclairés.


Maison Cremers - 3 quai du Trompette, 1300
Wavre, tel : 010 22 21 12, site : eliotetlila.com.

Newsletter

L'agenda

JV en kiosque - Abonnement

AVRIL 2022

cover JV86

 

 

  • Enquete: L'essor des cercles privés
  • Spécial montres: Design et innovations
  • Escapade, Bordeaux sans modération

 

 

 

Do you speak belge?

Quelques expressions belges et leur explication :

  • « Arrière toute »

    L’arrière, c’est le côté jardin.

  • « Haché menu »

    Le débat entre Belges et Français sur la viande n’est pas : halal ou pas halal mais hachée à l’avance ou hachée à la demande.

  • « En affaire »

    Quand on est "en affaire" en Belgique, on n'est pas en train de négocier un gros coup, on est juste "affairé".