Aux confins de l'Orient

Paru dans Paru dans JV 47 | Texte : Geneviève du Parc Locmaria

« Pékin a deux facettes. » Ainsi commence le récit de cette dynamique quadra, mère de trois enfants. « Il y a les jours avec pollution et les jours sans : il faut habiter ici pour comprendre ce que cela signifie exactement », poursuit-elle. Tous les iPhones sont pourvus d’une application spécifiant la qualité de l’air au quotidien. C’est ainsi que chaque matin, regarder le temps qu’il fait n’est pas suffisant pour prévoir son programme : c’est la pureté de l’air qui dicte le rythme de la journée. Peut-on circuler en vélo ? Faire son jogging ? Sortir en ville ? Ouvrir les fenêtres ? Et même se rendre à l’école ? Avec plus de 250.000 nouvelles voitures chaque année dans les rues de la capitale, pas étonnant que l’air soit parfois irrespirable. Pour « survivre », il faut choisir sa philosophie : soit quitter le pays car la pression devient omniprésente, soit s’en ficher complètement et ignorer les consignes ou bien encore vivre avec et opter pour les masques si nécessaire. C’est cette philosophie que Mélanie et sa famille ont adoptée : « Nous avons décidé de profiter de cette expérience unique et de composer. Pourtant lorsque le soleil est caché par le brouillard, j’ai vraiment le sentiment d’habiter une ville de science fiction ! ». Ainsi, après quelques mois d’adaptation, l’apprentissage des rudiments d’hygiène (rincer la viande, cuisiner à l’eau filtrée, ne pas se fier aux dates de DLC), la tribu Rochigneux adopte les bons réflexes.

Dans ce milieu qui peut sembler hostile, les habitants sont aimables voire sympathiques. Même si la majorité d’entre eux ne parlent pas anglais, leur attitude est bienveillante face aux « Ou Zhou Ren », Européens que nous sommes. Mais, il est vital de parler chinois pour échanger et comprendre les us et coutumes. « Ici, il est important de garder son sens de l’humour : on peut être confronté à des situations épiques », explique Mélanie. Comme le jour où elle a donné son adresse au taxi qui l’a conduit aux toilettes publiques !

Habitant dans un quartier proche du Lycée français, Mélanie enfourche régulièrement son vélo et part à la conquête de cette ville, aux grandes artères animées, organisée en cercles concentriques. Au milieu d’une circulation anarchique, la jeune femme pédale avec joie dans le quartier traditionnel « Hutong », où elle slalome entre les chiens, les passants et les joueurs de cartes. Là, Mélanie participe aux visites organisées par Pékin Accueil et prend des cours pour cuisiner des « Jiaozi », raviolis chinois dont ses enfants raffolent. Car la gastronomie pékinoise, variée et aromatisée, est délicieuse. Important pour des Français ! Sa planche de salut lorsqu’elle devient « homesick » ? L’Institut Français situé juste en face de chez elle. Outre la presse et l’accès à la bibliothèque, Mélanie vient y acheter sa baguette et s’approvisionner en macarons chez Amandine. De quoi recharger les batteries et mieux appréhender les codes surprenants de cette culture déroutante où il ne faut pas perdre la face ni la faire perdre à son interlocuteur, apprendre à dire « c’est exact » (le oui n’existe pas), détourner les sujets pour éviter le non… Dans ce pays où rien n’est figé, tout semble possible et envisageable. Ainsi, Mélanie, qui ressent cette énergie positive au quotidien, envisage-t-elle de reprendre une activité professionnelle car « la Chine n’est pas seulement un autre pays, c’est un autre monde », conclut la sémillante quadra.

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