Musée Cocteau

Paru dans JV29 - Février-mars 2012 | Texte : Noëlle Bittner

À Menton, sur cette Côte d’Azur qu’il a tant aimée, vient d’être inauguré un surprenant musée dédié à l’artiste Jean Cocteau, cet enfant terrible à l’imagination bondissante. Visite de son troisième lieu de mémoire.

 

Le lieu

Au bord de la plage, sur la Promenade de la ravissante petite ville à l’atmosphère si italienne, Menton, où les citronniers poussent le long des trottoirs, a surgi une forme étrange. En béton lissé, doux et blanc, c’est une construction très basse encerclée de colonnes formant des vagues aux formes ondulantes. On dirait une créature abyssale surgie des décors d’Orphée ou de La Belle et la Bête. L’architecte Rudy Riciotti, lui, évoque un temple immergé. La mer qui danse, joyeuse, se reflète dans les baies vitrées, et le bruit des vagues vous retrouve à la sortie sur l’esplanade. Le sol en est recouvert d’une calade (ces milliers de galets posés serrés sur la tranche) et reproduit un lézard, animal prisé de Cocteau « qui symbolise la belle paresse méditerranéenne ». On suit le lézard pour rejoindre à deux pas le Bastion, un fortin dans le rempart face au large, aux façades ornées de mosaïques de Cocteau.

 

Un artiste bondissant

Dans ce musée, aérien, léger, à taille humaine (on a le temps de regarder tous les dessins et lire toutes les légendes en 1h30), l’éclectisme des oeuvres présentées reflète le personnage. Poète, écrivain, dramaturge, cinéaste, affichiste, caricaturiste, peintre, céramiste, sculpteur ainsi que photographe,

Cocteau a goûté à tous les arts et vécu dans un mouvement perpétuel, côtoyant et entraînant dans son sillage tous ceux qui comptaient dans le courant artistique de son époque : Picasso, Modigliani, Miró, Braque, Foujita, de Chirico...

Crayon, encre, huile, collages, toutes les techniques l’intéressaient et il mettait de la poésie dans tout. Ce « Satan adolescent » dont parle François Mauriac fut toute sa vie un « enfant terrible ».

 

De Nijinski au Testament d’Orphée


Dans cet espace blanc, immatériel, l’exposition suit un parcours en boucle étonnamment fluide pour une oeuvre aux formes multiples que Cocteau lui-même qualifiait d’« objet difficile à ramasser ».


Les sept séquences, que l’on découvre dans l’ordre ou dans le désordre, représentent sept périodes dans l’oeuvre de l’artiste : ses premiers dessins datés de 1910, souvent des caricatures, ses sujets de prédilection, Sarah Bernhardt et Nijinski. Puis ses projets pour le « ballet Parade » avec Picasso et Satie.

Avec Radiguet, il édite un journal pamphlétaire, « Le Coq ». Son trait s’affirme, puis ses dessins traduisent ses plongées dans les paradis artificiels. Il publie « Les Enfants terribles ». Ses films interprètent les mythes antiques, Orphée, La Belle et la Bête.

Désormais installé sur la Côte d’Azur, la dernière partie de sa vie est une période très productive. Il décore de fresques la salle des mariages de Menton et orne de mosaïques le fortin transformé en petit musée. Il est plein de projets quand il meurt à Milly la Forêt le 11 octobre 1963.


Le don d’un passionné


Ce musée, on le doit à un passionné. Séverin Wunderman, Américain, entrepreneur et mécène, a 17 ans quand il achète son premier dessin de Cocteau. Trente années les séparent.
L’apprenti horloger fera fortune en inventant le concept de la montre accessoire de mode pour Gucci et nourrira sa passion de plus de 1.000 oeuvres de Cocteau qui font partie de la donation.

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