[Archives]- Sandrino Graceffa

Paru dans JV 59 - Fev-mars 2017 | Photos : Laetizia Bazzoni

Arrivé en 2014 en Belgique avec sa femme et ses enfants, il a œuvré à la mutation de la coopérative belge Smart, pour que la précarité ne soit pas une fatalité dans le monde du travail « uberisé ».

Neuvième d’une fratrie de dix, nés d’une mère calabraise et d’un père sicilien fuyant au début des années 50 la misère du Sud de l’Italie pour la mine du Pas-de-Calais, Sandrino Graceffa était armé pour aborder le monde du travail avec une vision pour le moins réaliste. Ses études l’abandonnent et à 17 ans il devient animateur d’une radio libre associative à Arras. Il est ensuite happé par le « social » et une approche non conventionnelle de la relation au travail : attaché territorial à Wattignies où il dirige le CCAS, il est vite appelé à prendre la direction d’une association à Loos-en-Gohelle, au cœur du Bassin minier où il accompagne ceux qui veulent créer leur propre entreprise. Il reprend alors des études à la fac de droit de Valenciennes d’où il sortira avec une maîtrise en développement local et économie solidaire.
En 2001, à 25 ans, il fonde une agence de conseil en développement local qui deviendra en 2013 la coopérative Extracité basée à Lille. Il se lance parallèlement dans l’enseignement et devient professeur à l’université d’Artois. En 2008 il rencontrera les fondateurs de la coopérative belge Smart, soucieux de s’implanter en France, et en 2014 ils le choisiront pour leur succéder à la tête de Smart à Bruxelles. Il déménagera donc d’Arras avec sa famille, achètera une maison à Forest et s’emploiera à la mutation de Smart.
Pour Sandrino Graceffa la « troisième révolution du travail », après celle de l’agriculture et celle de l’industrie, ne peut se satisfaire de « l’ubérisation » qui institutionnalise la précarité. Smart est l’outil idéal pour offrir une alternative crédible, innovante et pérenne à cette nécessaire diversification des formes d’emploi, en grande partie portée par le numérique et qui nécessitent flexibilité et agilité. Smart, qui est depuis toujours bien plus qu’un simple organisme de portage salarial, possède tous les ingrédients qui peuvent en faire l’outil d’une nouvelle vision du travail respectueuse du travailleur lui-même. Car pour Sandrino Graceffa, l’utilisateur de Smart est l’archétype de cette évolution : « il cumule l’emploi discontinu, une grande mobilité, plusieurs clients, une multiplicité d’activités, tantôt alimentaires tantôt désintéressés et engagés, voire alliant les deux. »
On est loin de Société Mutuelle des Artistes, acronyme de Smart, l’asbl créée en 1998. À moins que tous les travailleurs indépendants ne soient devenus des artistes ou plus simplement les artisans d’une nouvelle vision du travail.


Smart, 70 rue Emile Féron, 1060 Bruxelles, tél : 02 542 1088, site : smartbe.be.

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