Annie Bozzini

Paru dans JV 61 - été 2017 | Texte : Aurelia Dejond

Annie Bozzini, 60 ans, reprend les rênes de Charleroi-Danses, après avoir créé et dirigé le Centre chorégraphique de Toulouse pendant vingt ans.

Quand on lui annonce que c’est elle qui a été choisie pour succéder à Vincent Thirion, resté dix années à la tête de Charleroi-Danses, Annie Bozzini ne s’y attend pas. « Après avoir démissionné de Toulouse, j’ai fait un réel bilan de compétences, sans aucune concession envers moi-même, je voulais savoir comment et où je pourrais encore me rendre utile pour la danse, pour laquelle je milite depuis toujours », explique cette diplômée de Sciences-Po et ancienne journaliste. C’est son parcours, ses compétences et son projet, « la danse en partage », qui a séduit le CA du plus grand centre chorégraphique belge francophone.

« La culture m’a sauvé la vie, en quelque sorte. Je viens d’une famille où l’on ne sait pas nécessairement ce que c’est. Pour moi, c’est un enjeu sociétal. Une société ne peut pas avancer si elle ne revendique pas sa culture, surtout dans un contexte multiculturel. »

D’ailleurs, Annie Bozzini compte faire de la Raffinerie, le pôle bruxellois de Charleroi-Danses à Molenbeek, le lieu de rassemblement pour la profession. À Bruxelles depuis quelques mois seulement, cette passionnée a le feu sacré. « Mon travail est de rendre la culture accessible, d’autant plus dans une commune comme celle-ci. J’ai un projet avec les enfants du quartier, âgés de 3 à 6 ans… mon but est aussi de les faire entrer, comme leurs parents, dans un lieu comme La Raffinerie », explique celle qui aimerait laisser de beaux souvenirs dans l’imaginaire collectif.

Dans une commune où plus de soixante communautés se côtoient, la sexagénaire dynamique compte capter toutes les nuances des expressions chorégraphiques de chacun. « Ces enfants expriment, en dansant spontanément, de manière très directe l’endroit où ils vivent. C’est un âge magique ! », se réjouit la nouvelle directrice, qui s’est d’ailleurs installée à deux pas du canal.

« Quitter la France ne m’a posé aucun état d’âme. Pour la danse, tout y était de toute façon trop politisé. En Belgique, les choses semblent plus simples, plus saines. D’ailleurs, j’ai été choisie pour mes aptitudes, certainement pas parce que je suis politisée. L’immobilité est dangereuse et Bruxelles ne me posait aucun obstacle linguistique, autant foncer ! Je suis ambitieuse, dans le domaine de la danse, du moins », sourit celle qui apprécie que le Royaume ne traite pas la danse contemporaine avec désinvolture.

Site : charleroi-danses.be.

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