Le rêve sud-américain

Paru dans JV36, avril-mai 2013

Isabelle et Benoît ont rêvé d’Amérique du Sud très tôt. Ils y sont partis ensemble dès la fin de leur DESS, au Chili puis en Argentine. Cela fait déjà vingt ans !

« Nous sommes en Argentine depuis 2001, après sept ans passés au Chili. Mon mari Benoît et moi sommes venus ensemble, c’était un projet commun. Nous nous sommes rencontrés lorsque nous étions étudiants, à Bordeaux. Après notre DESS, nous avons dû effectuer un stage de fin d’études de six mois, c’est donc naturellement que nous avons cherché des postes dans les pays d’Amérique du Sud, et nous avons trouvé à Santiago, au Chili. Benoît travaillait pour une société vinicole, moi j’ai eu diverses expériences. Le Chili est un pays très agréable, stable politiquement et très joli, mais nous souffrions d’une certaine léthargie
culturelle. C’est la raison pour laquelle nous avons cherché du travail à Buenos Aires, en Argentine.

Benoît a eu l’opportunité d’un boulot dans un domaine vinicole à Mendoza, nous sommes donc venus nous installer à Buenos Aires. Moi, depuis un peu plus de trois ans, je travaille à l’ambassade de France, je suis chargée du bureau du livre, qui fait le lien entre différents acteurs de ce secteur entre la France et l’Argentine. C’est passionnant, mais j’ai attendu pour avoir ce poste. Quand on arrive en Amérique du Sud, on a souvent le sentiment que cela va être facile de trouver du travail, surtout lorsqu’on possède une bonne formation. Mais ce n’est pas si évident, parce que les Argentins ont un niveau universitaire poussé, et qu’à diplômes équivalents, un Argentin préférera presque toujours embaucher un compatriote.

Souvent, ils sont aussi un peu réticents à employer des expatriés car ils n’aiment pas trop leur mobilité. Sans compter que les Argentins sont aussi moins chers. Nous, nous n’avons pas ce souci, car nous avons des contrats locaux, nous n’avons pas le statut « d’expatrié » au sens fiscal du terme. C’est une autre vision du pays, une autre façon de s’assimiler, plus profonde, plus en phase avec le quotidien des Argentins qui vivent ici.

 

Chaleur et créativité

 

Nous avons trois filles, Blanche (15 ans), Aliénor (12 ans) et Sixtine (8 ans). Nos deux aînées sont nées au Chili, Sixtine en Argentine. Le système médical est très élaboré et très performant dans les deux pays.En Argentine surtout, l’encadrement médical est absolument nickel.

Depuis le cours préparatoire, nos filles sont au Lycée franco-argentin : les cours y sont dispensés à 80% en espagnol, et à 20% en français. Il n’existe pas de Lycée français exclusivement francophone. Cela déroute un peu les Français qui arrivent ici. Mais au bout du compte, les enfants deviennent parfaitement bilingues en une année, c’est une vraie opportunité dans la vie !


Mes filles sont bien entendu bilingues, je dois travailler leur culture française pour qu’elles connaissent leurs racines européennes. Tous les ans, nous nous retrouvons une semaine avec mes trois soeurs et ma mère en Normandie.

Le plus dur pour organiser des retours en France, c’est le décalage de calendrier scolaire : ici, la rentrée se fait en mars, et les grandes vacances sont de mi-décembre à fin février ! Les vacances d’hiveront lieu l’été, durant trois semaines. Il y a pas mal de vacances car le rythme scolaire est soutenu : les enfants sont à l’école de 8h30 à 17h, et le mercredi matin. À Buenos Aires, nous vivons à Las Cagnitas, dans le quartier de Palermo, qui est vivant et chaleureux, proche du Lycée français.


Nous vivons dans un appartement, moins cher qu’une maison, mais aussi plus sûr. L’insécurité est un élément de la vie ici. Ce n’est pas de la parano, c’est un état de fait. La politique est assez corrompue et instable, et la vie semble avoir parfois moins de prix que dans nos cultures européennes.

Nos filles en sont conscientes sans êtres flippées, Blanche qui a 15 ans ne prend le bus que depuis cette année, et jamais seule. C’est paradoxal, car les enfants sont très aimés, et Buenos Aires est une ville fantastique pour les ados, qui sortent à la latine, donc tard, et où il y a beaucoup d’activités gratuites, comme des concerts, des expos…

La vie quotidienne, ici, est très agréable, même si les prix ont beaucoup augmenté ces dernières années. Il y a la météo mais aussi le sport, très présent : les Argentins ont le culte du corps et ça se voit !

Et puis, culturellement, il y a une grande créativité, à côté du Chili surtout, ou même du Brésil voisin, plus tourné vers l’argent et la consommation. Il y a aussi une joie de vivre, une chaleur qui me semble très éloignée de l’ambiance française de ces derniers temps telle que nos amis nous la racontent…»

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