Des pionniers à Auckland

Paru dans Paru dans JV 46 | Texte : Geneviève du Parc Locmaria

Après l’île de la Réunion, le Japon et la Corse, Delphine de Rouvroy aurait pu opter pour une vie sédentaire dans sa France natale. C’eût été contraire à son caractère aventurier. Une idée lui a toujours trotté dans la tête : repartir, loin, commencer une nouvelle vie dans un pays choisi, tout quitter pour entreprendre sans regrets de ne « pas l’avoir fait ». C’est leur troisième fille, Toscane, en pleine préparation de son bac, qui pousse la Rouvroy’s team dans ses retranchements. Les deux aînées sont déjà en études supérieures et quant à la cadette, elle sait qu’à son tour elle partira faire des études à l’étranger. Alors pourquoi attendre encore ? Les Rouvroy cogitent – un an, si peu – et se décident à laisser derrière eux leurs attaches françaises. Pourquoi la Nouvelle-Zélande ? « Parce que nous y étions allés en voyage et avions été séduits par les paysages, la qualité de vie et la gentillesse des gens », explique la sémillante Delphine. Alors, ils vendent tout et partent. En janvier 2013, ils posent le pied sur le sol néo-zélandais.

Avec leur visa de touriste de trois mois, il faut vite prendre une décision. Le gouvernement ne plaisante pas avec les nouveaux arrivants : pour rester, il faut soit posséder une compétence que le pays n’a pas, soit prouver sa valeur en développant un commerce. Pour Delphine, ce sera le commerce. Alors c’est décidé : un café take away fera l’affaire. C’est ainsi que l’ « Escabeau French Kitchen » ouvre ses portes. La carte, très « French Touch » se veut simple mais toujours savoureuse. Delphine, en véritable « barista », y sert toutes sortes de café : du long Blake ou flat white en passant par le célèbre macchiato. Au pays des Kiwis – surnom des Néo-zélandais (référence à l’oiseau aptère natif du pays et non pas au fruit) – servir un bon café est comme servir un bon vin en France : la réputation du lieu en dépend.

Levée à 5h tous les matins, notre Delphine ne regrette pas son choix. Elle aime ce pays où le melting pot est roi, où les gens sont respectueux, polis et civiques, où il y a si peu d’indifférence. Les Kiwis sont agréables, curieux et travailleurs. Ils sont sans complexe et peuvent venir chercher leur petit-déjeuner à l’Escabeau en pyjama, pieds nus ou coiffés de bigoudis. Maoris – Polynésiens autochtones – Chinois, Indiens, Anglo-saxons, Brésiliens et Russes se côtoient et cohabitent sans animosité. Avec un taux de chômage ne dépassant pas les 5 %, un niveau de vie élevé, une jeunesse sportive et ne fumant quasiment pas, le pays a de quoi séduire. Des paysages vallonnés à perte de vue, un climat tempéré agréable et un bord de mer magnifique, parfois inhabité, viennent compléter l’attrait enivrant de ce pays d’immigrants. Delphine s’y sent bien et compte bien prouver au gouvernement qu’elle mérite son statut de résidente. Elle a tout abandonné pour cela et elle fera tout pour y parvenir. Foi de Bretonne !

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