En famille à Riyad

Paru dans JV 53 | Texte : Geneviève du Parc Locmaria

« Vivre en Arabie Saoudite, mais c’est de la folie ! » Voilà ce que Sabine et son mari entendent souvent à propos de leur projet. Pourtant, ces protestations n’ont pas empêché leur installation au pays de la pétromonarchie.

Cela fait trois ans que la famille Bergerot vit à Riyad. Partis sans aucune hésitation, ils acceptent le challenge de s’établir avec leurs jeunes enfants pour une durée déterminée. Dès les préparatifs du déménagement, Sabine découvre vite les contraintes d’une telle expatriation. Tous les objets et livres religieux sont interdits, les décorations de Noël prohibées, les bandes dessinées légères, soulignant la féminité et même leur album chéri signé Helmut Newton doivent rester en France ! Vive la tolérance. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme emporte un maximum de bibelots, meubles et objets de décoration pour recréer un environnement personnalisé. « En Arabie, il est très important de se sentir bien chez soi, sans doute plus qu’ailleurs », explique la jeune femme. Logés par l’entreprise, Sabine et sa famille n’atterrissent pas dans un « compound », sorte de ghetto d’expatriés où les familles résident les unes à côté des autres. Sabine se sent dès le départ assez isolée et découvre à ses dépens qu’il lui aurait fallu anticiper son organisation. Dans ce pays où la femme a interdiction de conduire et ne peut agir à sa guise, il est indispensable d’avoir un chauffeur et une aide. La jeune femme met quelques mois à trouver les personnes de confiance et à se sentir à l’aise.

Même si elle était prévenue, Sabine découvre les « joies » de porter une « abaya » à chacune de ses sorties. Il s’agit d’une longue robe noire ou bleu marine qui couvre l’intégralité du corps, sauf le visage et les mains. La Française en possède plusieurs et les customise en rajoutant ça et là des bandes de tissus colorés. Astucieux ! « Comme tout le monde en porte, on s’y fait vite. C’est surtout incommode pour la vie quotidienne », raconte-t-elle en relatant l’histoire véridique de son abaya coincée dans les roues de son caddy et déchirée sur toute la longueur. Autre anecdote qui souligne le peu d’indépendance des femmes en Arabie Saoudite : « C’est assez étrange quand la caissière appelle votre mari pour savoir s’il vous autorise à débiter la carte bleue pour payer vos achats ! ». Le shopping est une entreprise compliquée. Il faut anticiper et organiser son temps en fonction des heures de prière pendant lesquelles la vie s’arrête complètement. Heureusement, il y a Internet !

Fait étrange, les femmes ont la possibilité de travailler même si les opportunités sont limitées. Le travail à domicile – traductrices, professeures particulières – est l’idéal. Mais créer sa société est aussi possible. C’est cette deuxième option que Sabine a choisie. Elle développe sa propre marque de bijoux, Madame Saudi, en adaptant de vieux bijoux bédouins sur des montures modernes. Avec l’aide d’un bijoutier sri lankais, elle réalise plusieurs collections présentées sur Instagram, seul moyen publicitaire autorisé.

Si la vie quotidienne est parfois contraignante, les nombreux dîners, soirées entre amis et invitations à l’Ambassade permettent de se détendre. « Et tous les deux mois, il faut respirer » explique Sabine. Bahreïn, Dubaï ou Abu Dhabi permettent de se changer les idées. Pour la Française, les visites dans le désert sont une bouffée d’oxygène. Les paysages sont magnifiques et la liberté y est totale. Là, Sabine conduit, s’habille en Européenne et peut siroter un verre de vin dans le désert de Bahrein en contemplant le coucher du soleil sur les dunes.

Les bonnes adresses de Sabine Bergerot

L’Arabie Saoudite est un royaume qui occupe plus de 80 % de la péninsule arabique. Situé entre l’Irak, le sultanat d’Oman, le Yémen, le Qatar, les émirats arabes unis, la Jordanie et le Koweït, son économie est la première du monde arabe avec 87 % d’exportation en produits minéraux (pétrole, or, phosphate et argent).

Visiter la galerie Alaan Artspace - Galerie d’art, lieu d’exposition, boutique, librairie, pop-up store et restaurant, Alaan – qui signifie « maintenant » en arabe – est un lieu culturel incontournable de la capitale. C’est un chef français qui dirige les cuisines du restaurant. 280 Al Urubah Branch Rd, Al Olaya, Riyad 12333, tél : +966 11 416 9550, site : alaanart.com.

Faire une pause gourmande - Le Café Bateel est une boutique restaurant qui propose une cuisine européenne variée. L’épicerie fine propose des chocolats, des dattes, des pâtisseries et autres produits gourmets. Le tout Riyad s’y retrouve. Tahlia Street, Olaya, Riyad, tél : +966 11 293 6355, site : bateel.com.

Faire du shopping au souk - Le souk Deira est une caverne d’Ali Baba pour tapis, antiquités, vêtements traditionnels, bijoux anciens et or. Un Haut lieu de la négociation ! Sikkat Al-Khail Rd, Deira, Riyad.

Et chez « Maison Bo-M » - Sorte de « Colette » saoudien présentant des créateurs locaux et internationaux. « Fashion Days » organisés régulièrement en partenariat avec le consulat britannique. On se croirait rue Saint-Honoré ! Nojoud mall, Riyad, tél : +966 12 021 205, site : maisonbo-m.com.

Acheter des abayas branchées - Chez Abaya Diala, les abayas sont taillées près du corps, brodées de perles et de fil d’or, agrémentées de tissus modernes et sont à la pointe de la mode. De quoi égayer ces longues robes noires parfois informes. Uniquement en ventes privées. Tél : +966 50 870 4799

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