Les Français d’Anvers

Paru dans JV26, Septembre 2011 | Texte : Julie Galand, Photos : Verypics

Si les Français sont bien moins nombreux à Anvers qu’à Bruxelles, certains font néanmoins le choix d’y vivre, souvent pour des raisons professionnelles. Quels sont leurs quartiers de prédilection et comment vivent-ils leur expatriation dans cette ville néerlandophone si différente de la capitale ?

 

Géographie de la ville


D’un point de vue administratif, le territoire de la commune d’Anvers a été étendu à sept communes périphériques : Berchem, Borgerhout, Merksem, Deurne, Ekeren, Hoboken, et Wilrijk. Au-delà, d’autres communes plus rurales s’étendent encore, comme Edegem, Brasschaat ou Schoten. Quant au centre-ville, il possède plusieurs quartiers très agréables regorgeant de restos et petits bars sympas, comme autour de Dageraadplaats, du musée desBeaux-Arts, du quartier de la mode et des antiquaires situé autour de l’église Saint-André, ou encore de Zurenborg, un magnifique quartier aux nombreuses maisons de style éclectique, néo-classique ou Art nouveau.


Pour Catherine, arrivée il y a moins d’un an avec sa famille, Anvers est une ville de province conviviale mais bien pourvue au niveau culturel. Si le centre-ville historique est surtout l’endroit idéal pour se promener avec des amis en visite, sa famille et elle préfèrent explorer à vélo les Gros plan Anvers petites routes de campagne alentour et pique-niquer sur les bords de l’Escaut (Schelde en néerlandais). « Même la partie un peu industrielle et les polders ont un certain charme. Et puis la mer, aussi bien du côté hollandais que du côté du Zoute, est à moins d’une heure de route. »


Le Lycée français d’Anvers

Aménagé depuis une dizaine d’années dans une ancienne petite école privée francophone, le Lycée français d’Anvers observe le même programme et la même pédagogie que son homologue bruxellois. Il est néanmoins beaucoup moins peuplé, avec 120 élèves au total, contre 2.400 environ au Lycée français de Bruxelles, essentiellement en maternelle et en primaire, le secondaire ne représentant que 10 % environ. De plus, alors que le Lycée Jean Monnet compte 80 % de Français, le lycée d’Anvers n’en compte que 40 %, contre 20 % de Belges et 40 % d’autres nationalités.

Face à ce constat, et consciente des nécessités liées au fait d’habiter à Anvers plutôt qu’à Bruxelles, l’école affiche un réel dynamisme en matière d’apprentissage des langues. Outre la section francoanglaise créée en 2010 en maternelle, et qui vient d’être étendue au primaire depuis la rentrée, une nouvelle filière bilingue franconéerlandaise vient également de voir le jour à partir du CP. Elle consacre 7 heures du programme à la seconde langue.

Lycée Français International d'Anvers
Adresse : 168, Lamorinièrestraat
2018 Anvers
Téléphone : +32 (0)3 239 18 89
Site : www.lfanvers.org
E-mail : lfanvers@online.be



 


 

Où vivent les Français ?


Céline et sa famille se sont installés à Anvers il y a deux ans, après un premier séjour de 3 ans il y a quelques années. « La société de mon mari se trouvant au sud d’Anvers, nous aurions pu choisir de nous installer à Bruxelles, mais nous avons finalement décidé de limiter la distance maison-travail pour une meilleure qualité de vie. Ici, on se sent vraiment expatrié en tout cas, contrairement à Bruxelles où j’ai l’impression que l’on peut vivre dans un cadre très franco-français. »

Annick et son mari sont arrivés il y a deux ans dans des circonstances identiques, pour un séjour maximum de 5 ans. S’il n’existe pas à proprement parler de quartier français ou francophone à Anvers, d’après Annick et Céline, beaucoup de Français vivent à Berchem, quartier périphérique et très bourgeois aux nombreuses maisons Art nouveau. Si Céline et son mari ont fait le choix d’habiter à proximité du Lycée, situé au coeur du quartier juif orthodoxe,Céline et sa famille se sont installés à Anvers il y a deux ans, après un premier séjour de 3 ans il y a quelques années. « La société de mon mari se trouvant au sud d’Anvers, nous aurions pu choisir de nous installer à Bruxelles, mais nous avons finalement décidé de limiter la distance maison-travail pour une meilleure qualité de vie. Ici, on se sent vraiment expatrié en tout cas, contrairement à Bruxelles où j’ai l’impression que l’on peut vivre dans un cadre très franco-français. » Annick et son mari sont arrivés il y a deux ans dans des circonstances identiques, pour un séjour maximum de 5 ans. 


S’il n’existe pas à proprement parler de quartier français ou francophone à Anvers, d’après Annick et Céline, beaucoup de Français vivent à Berchem, quartier périphérique et très bourgeois aux nombreuses maisons Art nouveau. Si Céline et son mari ont fait le choix d’habiter à proximité du Lycée, situé au coeur du quartier juif orthodoxe, c’est avant tout pour des raisons pratiques : « Ceci étant notre second séjour prolongé à Anvers, nous avons décidé d’habiter cettefois dans le centre, car lors de notre premier séjour, les trajets entre notre maison en banlieue sud de Edeghem - pourtant très agréable - et le bureau de monmari se sont révélés excessifs lors des heures de pointe : 2h30 de route quotidienne ! »

Et si les abords immédiats du Lycée ne sont pas particulièrement attrayants, avec les petites rues jalonnées de maisonnettes ouvrières sans âme, dont la seule animation provient des nombreuses écoles juives qui s’y sont concentrées, Céline ne semble pas y voir d’inconvénients : « C’est vrai qu’aux heures de sortie des écoles, c’est très bruyant et il y a beaucoup de trafic, mais le reste du temps, c’est un quartier très calme, surtout le week-end, et très sécurisant lorsqu’on a de jeunes enfants. Edeghem était évidemment plus campagnarde, mais on a quand même un jardin ici, et puis quand la verdure nous manque trop, on va dans l’un des parcs d’Anvers, comme celui de Middelheim ».

La famille d’Annick a quant à elle fait le choix d’habiter au nord-est, à Schoten, pour bénéficier de la qualité de vie d’une maison à la campagne, ce qui compense à ses yeux l’heure et demie de route qui les sépare du bureau. Située à 9 km d’Anvers, cette commune résidentielle offre la possibilité d’une ambiance de petit village et de campagne verdoyante à deux pas d’Anvers, à laquelle elle est reliée par l’autoroute. « L’ambiance y est très conviviale : on a probablement plus de contacts avec nos voisins que si on habitait en ville ». Un peu plus loin vers le nord, à environ 3km, se trouve Brasschaat, « une commune plus huppée, où l’on voit rouler des Ferrari », plaisante Annick. Quant à Catherine et son mari, ils ont choisi la banlieue sud de Wilrijk, à 20 minutes du centre, afin de mener une vie résolument peu urbaine, et de s’intégrer dans un “ vrai quartier flamand “ : « C’est l’une des raisons pour lesquelles nos enfants iront à l’école du quartier à la rentrée : comme ça, ils auront des copains dans le quartier, explique-t-elle. Nous voulons pouvoir faire nos trajets à vélo et ne pas perdre de temps en voiture. Wilrijk est une banlieue assez chic mais présentant une certaine mixité, les maisons mitoyennes un peu à l’anglaise côtoyant des immeubles plus modestes à certains endroits. »

 

Il travaille à Anvers, mais il vit à Bruxelles


Arrivés en Belgique à la suite d’une proposition d’embauche d’une entreprise internationale située à Anvers, Olivier et sa famille ont néanmoins fait le choix de s’installer à Bruxelles. « Bien qu’ayant vécu les 4 premiers mois seul à Anvers, lorsque mon épouse et mes enfants sont arrivés, Bruxelles s’est imposé naturellement, pour des raisons de vie sociale et culturelle, et de facilités d’intégration. » Comment se passent les trajets ? «Mon lieu de travail étant situé à proximité du ring sud, la plupart du temps, l’aller simple me prend 40 minutes, ce qui correspond aux temps de déplacement que j’avais à Paris. Et puis, en conservant des horaires un peu décalés et tardifs « à la française », j’évite les embouteillages du soir.» Et le néerlandais ? « Si à mon travail, la plupart des échanges se font en anglais, pour le reste, le néerlandais est vraiment nécessaire. »


Le néerlandais au quotidien


Dans une ville réputée pour son taux élevé d’électeurs – un tiers environ – favorables au Vlaams Belang, le parti d’extrême droite flamand hostile aux francophones et aux étrangers, la problématique linguistique revêt bien sûr une importance particulière : Comment cela se passe-t-il dans la vie de tous les jours ? La réponse est unanime : « ça aide beaucoup d’être Français et non pas Belge francophone, car les Flamands sont plus indulgents ! Au départ, je pense que tous les Français arrivant à Anvers essaient d’apprendre le néerlandais, nos maris étant vivement encouragés à suivre des cours intensifs si la société n’est pas anglophone. Ensuite, la motivation dépend un peu de la durée du séjour. J’ai suivi quelques cours proposés par la société de mon mari, mais je n’ai pas persévéré : pas facile de se motiver pour une langue aussi minoritaire avec laquelle on n’a pas vraiment d’affinités, quand on sait que l’on ne reste que trois ans, poursuit Céline. Et puis en général, c’est très rare que les gens ne comprennent pas le français, et avec quelques mots de néerlandais et un bon niveau d’anglais, on se tire de toutes les situations ». Annick renchérit : « Sans parler des enfants, qui, en apprenant le néerlandais à l’école, sont de précieux traducteurs ! ». à ce sujet, que pensent les parents de l’immersion en néerlandais pratiquée au Lycée ? « Les plus jeunes apprennent vite, et ça leur ouvre l’esprit », affirme Céline, dont les enfants fréquentent le Lycée. « Ma fille était quasiment bilingue en sortant de maternelle néerlandophone, lors de notre premier séjour. Même après notre retour en France, elle a par exemple toujours beaucoup de facilités en anglais.

Parc à AnversEt puis le néerlandais peut aussi servir en France : il y a par exemple de plus en plus de projets flamands dans le nord, autour de Lille, etc. » Pour le reste, cela dépend un peu des cas de figure et des situations. « C’est peut-être plus difficile dans le centre que dans les petites communes environnantes, estime Annick, même si c’est toujours compliqué avec une administration… même en français sans doute ! J’ai aussi eu des expériences variables avec les différentes activités des enfants : au club de natation, par exemple, on laissait un peu mon fils livré à luimême lorsqu’il ne comprenait pas bien, mais à l’inverse au ju-jitsu, ils sont très attentifs et il est très bien intégré. » Catherine, elle aussi, a rencontré des obstacles : « Je me suis déjà retrouvée dans des impasses, par exemple avec une employée qui s’obstinait à ne pas parler anglais, jusqu’à ce qu’elle comprenne que j’étais Française, peut-être. Elle a alors consenti à le parler un peu. » Malgré cette expérience, la jeune maman a décidé de faire un effort : « ça ne me serait jamais venu à l’esprit de ne pas apprendre la langue. Ce serait comme ne pas s’intéresser du tout à la culture et au pays qui nous accueille. J’ai suivi deux mois de cours intensifs en néerlandais, et je vais continuer afin de ne pas devoir chercher un travail à Bruxelles quand je déciderai de reprendre une activité. »

Le néerlandais, en pratique


Pour celles et ceux qui ne bénéficient pas des services d’une société, il existe un système d’intégration civique en Flandre appelé “ Inburgering “ (citoyennisation, intégration). La ville et la région financent des cours intensifs, qui ne coûtent alors que 60 euros au candidat, moyennant la signature d’un contrat par lequel celui-ci s’engage à suivre la formation jusqu’au bout, ainsi que des cours de découverte de la société flamande abordant des thèmes comme la structure de l’état belge, l’enseignement, la santé, les lois, échelonnés surquelques matinées. « Le programme est assez dense, reconnaît Catherine, mais c’est vraiment utile, et puis cela permet de rencontrer des gens de partout, alors que les réseaux français manquent parfois d’ouverture. »

Adresse :

Het Huis van het Nederlands
110, Carnotstraat
2060 Antwerpen

Téléphone : +32 (0)3 338 70 55
Site : www.nt2antwerpen.be
E-mail : huisvanhetnederlands@stad.antwerpen.be

L’immobilier


Beaucoup d’expatriés bénéficient d’une aide efficace de la part de leur société, qui par le biais d’un consultant ou d’un service d’expatriation, se charge de leur proposer rapidement une sélection de biens correspondant à leurs critères. Achat ou location ? « Nous avons toujours loué, reconnaît Céline, même si certains expatriés achètent un bien à chacun de leur déplacement, quitte à le revendre un peu plus tard ». Le mari de Catherine étant le premier expat au sein de sa société, il n’y avait pas de dispositif d’accueil pour eux. « Mais on s’est très bien débrouillé avec le site immoweb.be, on a fait plusieurs allers-retours pour visiter des logements, et le Lycée français peut aussi mettre en contact familles arrivant et familles sur le départ, et fournir quelques adresses.



Mme Bex, de l’agence Belimmo, l’une des rares agences d’Anvers qui soit également francophone, nous dresse un portrait de la situation : « La superficie d’Anvers est nettement plus petite que celle de Bruxelles. Le sud (Antwerpen-Zuid) est beaucoup plus “ chic “ que le nord, avec ses galeries d’art, ses musées et ses nombreux cafés. De plus, il offre l’avantage d’être très bien relié au reste du pays, et permet de sortir rapidement de la ville. Seule exception : les rives de l’Escaut, qui sont huppées partout, même au nord. Quant au centre, il est surtout constitué de bureaux et de surfaces commerciales. On y trouve de très vieilles maisons aux abords de l’université, ainsi qu’un agréable quartier menant vers le sud, autour de la Groenplaats, près de la cathédrale. Il y règne une atmosphère conviviale, où il fait bon vivre. » Concernant les communes périphériques d’Anvers, qui peuvent être très agréables a priori, un avertissement toutefois : « Anvers est bien pire que Bruxelles au niveau du trafic, car il y a un gros problème de mobilité. Lorsqu’on habite en dehors d’Anvers-district mais que l’on y travaille, on ne peut donc jamais vraiment prévoir combien de temps il faudra pour y arriver : cela peut prendre trois heures au  lieu de 20 minutes ! »

 

 

 

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