Carine Gilson

Paru dans JV 35 | Texte : Franceline Beretti, Photos : Xavier Harcq

« De l’artisanat contemporain »

C’est cette technique d’incrustation qui rend immédiatement reconnaissables les créations de Carine Gilson : un mariage intime entre la soie et la dentelle, entre la fluidité et la finesse. Ses collections déclinent cette technique de toutes les façons, de toutes les couleurs, sur les pièces les plus classiques comme les soutiens-gorge, les culottes et les nuisettes en passant par les bodys et les kimonos. La chef d’atelier, occupée à coudre de la dentelle couleur chair sur de la soie jaune-orangée, destine son œuvre à une nuisette d’un bleu foncé et profond. « La collection de cet hiver s’inspire des ballets russes. J’ai fait des recherches sur les costumes de l’oiseau de feu, sur les parures de la danseuse Tamara, commente Carine Gilson. Les motifs des dentelles ont été conçus dans les années 1920 ou 1930, c’est un tissu qui est reproduit. » À partir de ces motifs, Carine Gilson crée son propre univers. Elle le découpe en gardant telle fleur, en mettant en valeur tel détail, qui sera ensuite incrusté sur la pièce de lingerie. « C’est une réinterprétation », résume-t-elle. Pour cette pièce comme pour beaucoup d’autres, ses fournisseurs de soie viennent de la région lyonnaise et la dentelle de Caudry, à côté de Cambrai, dans le Nord de la France. La ville a aussi eu l’honneur de voir ses créations sur la robe de mariée de Kate Middleton en 2011 ! Dans l’atelier, chaque personne est polyvalente. Il faut entre six mois et un an pour être bien formé et tout le monde doit être capable de faire un ou deux métiers. Comment ces personnes au savoir-faire si précieux sont-elles recrutées ? « L’embauche ici se fait au feeling. Il faut avoir de la finesse et de la rigueur dans son travail. L’expérience dans une maison de couture ne change pas grand chose car le travail de tissus lourds n’a absolument rien à voir avec celui de la soie ! Quand on arrive dans mon atelier, on apprend une technique nouvelle. Tout est fait à la main. On coupe pièce par pièce, sur mesure, c’est-à-dire qu’on adapte le patron à la morphologie de chaque cliente. C’est de l’artisanat contemporain. »

Pendant qu’elle explique cette organisation, Carine Gilson garde un œil sur les mains au travail. En regardant un caraco en cours de finalisation, elle demande si la pièce pour madame unetelle sera bientôt prête. On s’étonne. Elle sait donc à qui est destiné chaque sous-vêtement en fabrication ? « Plus ou moins. Je veux avoir un œil sur tout, c’est important. Nous sommes une petite entreprise, tout doit être parfaitement en ordre ! D’ailleurs, la pièce que vous voyez là-bas est destinée à une très célèbre actrice française. Mais je ne vous dirai pas qui c’est.. » s’amuse-t-elle. Dans les journaux, en tous cas, Catherine Deneuve a déjà porté ses créations, ainsi que Marion Cotillard, Kirsten Dunst... la liste est longue. Un article du Vogue UK la compare à « deux autres créateurs belges cérébraux » pour l’attention portée au détail : Raf Simons (à la tête de la maison Dior depuis l’éviction de John Galliano) et Dries Van Noten. Malgré son positionnement dans une niche précieuse, l’entreprise Carine Gilson rayonne et son histoire est une success story qui fait rêver au-delà du monde de la mode.

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