Franck Depaifve est Français, mais il est aussi un peu Belge. Son patronyme trahit cette ascendance proche puisque Depaifve est le nom d’un petit hameau proche de Liège, d’où sa famille est originaire et dont son grand-père fut le bourgmestre.
Axel Ruhomaully est Belge de nationalité et par sa mère mais il est aussi Mauricien, et vit pour l’essentiel de son temps à l’île Maurice.
Ces deux garçons se sont retrouvés il y a une bonne vingtaine d’années à Paris où Axel envisageait de faire l’école de photographie dont Franck sortait. Ce dernier l’en a dissuadé et l’a convaincu qu’il apprendrait beaucoup plus la photographie en lui servant d’assistant. Cette école buissonnière lui fut profitable, et d’autant plus qu’il a suivi ce cursus hors normes dans le contexte des derniers beaux jours du photojournalisme, la belle époque de Sipa Press dont Franck parle encore avec nostalgie.
Puis leurs chemins se sont séparés. Franck est resté en France, a poursuivi sa carrière de photographe spécialisé dans les personnalités puis il a bifurqué vers la com, l’événementiel et la presse. Il y a huit ans il est retourné en Belgique, il a épousé une Belge, Flamande par sa mère, Bruxelloise de père et qui travaille aussi dans la communication pour Citydev.
De son côté, Axel vit depuis plus de quinze ans à l’île Maurice où il est devenu « le » photographe de tout ce que l’île compte d’hôtels, de résidences touristiques, de centres de loisirs, golfs et autres « resorts ».
En avril 2014, lors d’un de ses nombreux retours au pays de sa mère, il retrouve Franck, et alors qu’ils se rendent à Liège en voiture, ils font le détour par le Hasard de Cheratte, ce vestige de la florissante Wallonie industrielle. Là, les deux photographes qui consacrent l’essentiel de leur temps à photographier des lieux sans âme qui dégoulinent d’argent et d’ennui, sont subjugués par les témoignages qui semblent jaillir de ces amas de pierre, de béton et de métal. Et les témoignages existent bel et bien, à travers ces objets abandonnés par les derniers occupants de cette mine de charbon. C’est une ASBL, Méta-Morphosis, qui a édité le premier livre (voir JV n°54) des deux photographes qui ont consacré près d’un an et demi à tout photographier après avoir passé un temps infini à obtenir les autorisations.
Un deuxième livre sur les bijoux industriels à paraître en octobre et qui fait l’objet d’une exposition au Sofitel Louise jusqu’à la fin de l’été marque un tournant dans l’histoire professionnelle des deux amis.
Tournant révélé par le choc de ces témoins silencieux d’un monde disparu que constituent ces friches menacées de disparaître sous les pelleteuses d’une modernité que ses amnésies rassurent.
Site : meta-morphosis.org.