Institut Lussato

Paru dans JV 47 | Texte : Aurore t’Kint, Photos : Mireille Roobaert

 

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L'Institut Lussato a été sélectionné pour les Victors 2015.

 

 

 

 

 

Dédiée à l’art populaire japonais Mingei, la maison Art déco uccloise qui abrite l’institut Bruno Lussato invite à une réflexion autour de l’esthétisme comme valeur spirituelle.

Institut Bruno Lussato & Marina Fédier,
52-54 avenue de la Sapinière, 1180 Uccle, tél : 02 372 38 03,

site : brunolussatoinstitute.be. Ouvert le jeudi et le dimanche de 14h à 18h et sur rendez-vous. Prix : 6 €. Groupe jusque 20 personnes : 4 €.

Inauguré au mois de mai 2012, l’institut Bruno Lussato & Marina Fédier prend tout son sens lorsqu’on connaît le parcours de Bruno Lussato, décédé en 2009. Professeur, théoricien, spécialiste de Wagner, passionné d’art, de management, de microinformatique, il a ouvert de nombreuses portes qu’il laisse désormais entre les mains de ses élèves et disciples à travers le monde. « C’était un homme inspiré à qui l’on doit autant l’organisation en arborescence qui influença Bill Gates, que deux ouvrages monumentaux sur le Ring de Wagner », explique Marina Fédier, fondatrice de l’institut.


Elever l’humain

Grand pianiste, ami des philosophes et artistes, Bruno Lussato abhorrait la séparation entre les êtres et voulait sans cesse créer des passerelles. Son rôle de conseiller des grandes entreprises comme Fiat ou l’Oréal lui donna l’envie de créer avec sa sœur, Marina Fédier, ancienne directrice d’Artcurial (alors boutique d’art créée par le patron de L’Oréal), des centres culturels afin d’initier les dirigeants et cadres aux questions de l’art et de la philosophie. « Mon frère a toujours pensé que la sensibilisation à la beauté et à l’harmonie spirituelle pouvait améliorer la qualité de l’humain », poursuit Marina Fédier. Leur vient alors l’idée de s’installer à Bruxelles afin de concentrer leur amour partagé du beau autour de l’art Mingei dans une maison superbe dans le style Art déco. Ce projet est cependant bouleversé par la disparition de l’éminent professeur, et renaît heureusement au printemps 2012 pour notre plus grand bonheur.


L’art de la simplicité

Lorsque l’on découvre l’entrée de la maison, chef d’œuvre de l’architecte Antoine Pompe, élève d’Horta, le regard est attiré par des gargouilles à tête de grenouille. Tout porte à croire que la maison semblait destinée à accueillir une collection d’art japonais si l’on sait que la calligraphie du mot « grenouille » ou « crapaud » signifie également « reviens » et qu’il figure régulièrement sur des objets comme symboles propitiatoire de bienvenue propres à l’art japonais. « Nous avons choisi d’orienter notre institut autour de l’art Mingei car il correspond à notre volonté de simplicité et d’authenticité », explique Marina Fédier. Cet art populaire japonais qui fut longtemps occulté par un art de cour, et dont les objets du quotidien relèvent autant de l’artisanat que de techniques très pointues, a traversé l’histoire de l’art japonais. Il fallut attendre les années 1920, époque de la maison d’Antoine Pompe, pour que des artistes anglais de Art & Craft se rendent à Tokyo et fassent prendre conscience aux Japonais que cet art dénigré depuis 1.000 ans était intrinsèquement lié à leur identité.

« C’est l’art des pêcheurs, agriculteurs et marchands qui n’a pas d’âge car on est dans la reproduction éternelle des même formes. Ce n’est que le perfectionnement technique de ces objets qui permet de les dater », explique Marina Fédier. La collection compte aujourd’hui 300 pièces et s’étoffe mensuellement autour d’axes très particuliers comme la vannerie de bambous, la cérémonie du thé, quelques textiles et surtout d’importantes céramiques. Afin de souligner la spécificité de l’art Mingei, la collection présente également de somptueux symboles de l’art aristocratique comme des masques du théâtre No, un manteau d’apparat, un Bouddha du XIVe siècle ou encore un plateau d’Ikebana dont la laque libère un envol de papillons d’un raffinement unique.


La cérémonie du thé

Lorsque l’on se promène dans la maison, on ressent d’emblée l’osmose entre le style architectural très épuré et l’esprit que l’art japonais véhicule. « Le jardin de 87 ares contient également des essences japonisantes et sera un jour agrémenté d’un véritable jardin zen », ajoute Marina Fédier. Habité par la philosophie zen, l’institut ne pouvait se passer d’une salle consacrée à la cérémonie du thé.

Importé par les moines tibétains, le thé était avant tout un moyen de rester en éveil durant les longues médiations. Le geste lent et précis utilisé pour servir le breuvage à ses invités est déjà un acte impliquant de faire le vide en soi. Lieu intime et accueillant, la salle consacrée au thé permet aux visiteurs d’assister au rituel codifié sous l’égide d’un maître de cérémonie. « Nous permettons à de petits groupes de traverser le pont qui nous relie au Japon lors de cette cérémonie unique », ajoute la fondatrice de l’institut Bruno Lussato & Marina Fédier.


Passerelle culturelle

La maison se veut un lieu de diplomatie culturelle et artistique. « Notre objectif est de provoquer des rencontres autour d’un thème lors d’ateliers créatifs comme la calligraphie ou les arrangements floraux, lors de concerts et discussions sur le zen, le tao et la physique quantique, ou la conférence d’un ancien consul de Belgique au Japon », précise Marina Fédier.

Un petit auditorium est sur le point d’être bâti dans le jardin afin de permettre une programmation variée. « Nous désirons apparaître comme une fenêtre sur l’art du Japon à Bruxelles, étant donné la fermeture du centre culturel à l’ambassade japonaise, et permettre aux entreprises japonaises d’être “dans leurs murs”. » Cet institut est une belle ouverture vers la sagesse de l’Asie dans un cadre typiquement bruxellois.

 

 

 

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