Que voir aux Festivals d'Arles et d'Avignon ?

Du dimanche 1 juillet 2018 au vendredi 31 août 2018 | Texte : Isabelle Plumhans

À Avignon ou Arles : ce qu'il faut voir, où manger et s'arrêter !

 


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Créé en 1947 par Jean Vilar dans la cité des Papes, le festival de théâtre fait vibrer Avignon tous les étés. Jusque fin juillet la ville est fourmilière : passionnés de théâtre, touristes curieux, locaux tombés dedans, tout le monde s’y presse. Bon à savoir : le festival se décline en In (soit la programmation officielle, 51 spectacles dans des lieux historiques) et en Off, programmation libre (1538 spectacles un peu partout dans des lieux dans la ville improvisés théâtre le temps d’un été). Pour les allergiques au théâtre, il y a aussi moyen d’y manger bien et de shopper futé.

Notre sélection :

Pour les non-avertis

Pas envie de vous asseoir dans un des très nombreux théâtres de la ville? (pourtant, ils sont climatisés, une aubaine par canicule!). Restez dans la rue! Le spectacle y est aussi, et même que c’est gratuit. Les compagnies présentes ici font de petits shows (histoire d’attirer le badaud) dans les rues la journée. On appelle ça « tracter »: en gros, distribuer les tracts renseignant leur pièce. Mais ils font ça avec inventivité et art. Dense et intense (enfin, le plus souvent).

Pour les Belges chauvins

Le théâtre des Doms (1B Rue des Escaliers Sainte-Anne, 84000 Avignon), c’est le lieu à l’année du spectacle belge à Avignon et un havre de paix en période (f)estivale. Parce que sa programmation est riche et belle. Parce que sa courette est ombragée. Et aussi parce, proposés par l’équipe resto, ses petits plats sont à tomber.

Nos coups de coeur sur les planches:

  • "Pas pleurer", adapté du roman éponyme de Lydie Salvayre, Goncourt 2014 (Tous les jours à 14h30, relâche le 18). Un deux en scène, comédienne d’immense talent au micro (Marie-Aurore d’Awans) et musicienne polyvalente à la guitare électrique et au piano. L’histoire de la guerre d’Espagne par les yeux d’une femme qui se tient debout. On en sort profondément remué.
  • "L’herbe de l’oubli", par la compagnie Point Zéro (tous les jours, 17h, relâche le 18). Jean-Michel d’Hoop, le metteur en scène, accueille avec sa compagne Héloise Meire (comédienne dans le spectacle, metteur en scène par ailleurs) , chaque année depuis quelques temps un enfant de Tchernobyl. Une initiative qui leur a donné l’envie d’investiguer la ville, les lieux, ses occupants, aujourd’hui. Le résultat? Un spectacle à la fois documenté et documentaire -ils sont partis là-bas, ont filmé les habitants et le résultats est projeté en fond de plateau- qu’esthétisant - d’immenses marionnettes occupent la scène. Un spectacle d’utilité publique et poétique.
  • "J’abandonne une partie de moi que j’adapte", mise en scène de Justine Lequette (tous les jours, 19h30, relâche le 18). Passionnée par « Chronique d’un été », documentaire de Rouch et Morin qui en 1960 ont rencontré dans de nombreux foyers français des gens pour leur demander « Comment ils se débrouillaient avec la vie » et « Si ils étaient heureux », la jeune metteure en scène reproduit sur le plateau des parties hallucinantes d’exactitude du documentaire pour s’en éloigner ensuite. Et interroger, partant des mêmes questionnements, notre société, notre aujourd’hui, notre demain. Confondant de modernité.

Réservation aux spectacles conseillée. Plus d’infos sur le site des Doms: http://www.lesdoms.eu

Pour les gourmands

Aux Doms, l’assiette (des Doms, donc), mérite le détour. Fraîche et renouvelée tous les jours, elle est parfaite pour la pause déjeuner.

Des Doms, vous êtes à un jet de pierre de la place des Carmes, où vous pouvez vous sustenter, à l’ombre des platanes, des mezzés et autres délices de la cuisine grecque et familiale de la taverne Avedis. Sans chichi, et loin des attrape-touristes qu’on peut trouver sur la place de l’Horloge. Taverne Avedis, 17 Place des Carmes, 84000 Avignon

Et pour un repas du soir, traversez donc le pont, rendez-vous à la chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Ce monument d’histoire et de sérénité, qui accueille des résidences d’artistes à l’année et quelques spectacles durant le festival installe dans ses murs un restaurant éphémère, dans. le genre chic-décontracté, l’été: le bien nommé Les Jardins d’Eté. Autour de vous, les murs séculaires et la nature (le restaurant est à ciel ouvert). Dans votre assiette, une cuisine aux accents du Sud. Bref, du beau et du bon. Les Jardins d’Eté, 58 rue de la République, 30404 Villeneuve les Avignon

Pour les tout juste débarqués en train, en face de la gare, Töst est un salade-bar façon délicatessen (on choisit ses ingrédients et les employés font la salade sous vos yeux). De saison, frais, pas cher, sur place ou à emporter. (Nota Bene: un parc tout à côté permet de savourer son lunch au vert et au frais.) Töst, 43 Cours Jean Jaurès, 84000 Avignon

Pour les esthètes

Filez dans la boutique jolie de Yohana Doudoux. Cette professionnelle passionnée de reliure a ouvert un atelier-boutique. Là-bas, elle relie les livres de toutes les façons: vous lui apportez vos oeuvres, elle s’occupe de trouver la plus belle reliure pour vos écrits (notre préféré, la reliure japonaise, fine en fil) et accueille les créations de divers artistes de sa région. Ses créations à elle, ce sont de superbes carnet, carton ou cuir. Les créations de ses pairs, des broches, céramiques, objets de décoration. Beau et durable (qui plus est, Yohana est plus qu’aimable). Yohanna Doudoux, 1, rue violette 84000 Avignon, www.doudouxyohana.free.fr

En sortant de chez Yohana, filez à la fondation Lambert. Une collection d’art contemporain créée par un amoureux de l’art. On y retrouve des oeuvres d’art contemporain, donc, mais pas hermétique. Notre préférée? J’ai rêvé d’un autre monde, oeuvre in situ de Claude Lévêque. Machine à brouillard, bande son et sillage lumineux, elle est impressionnante et émouvante. Collection Lambert en Avignon, 5 Rue Violette, 84000 Avignon, www.collectionlambert.fr

Pour les ouïes fines

Et surtout pour les amoureux de théâtre, les amoureux de la vie, de la voix et les amoureux tout court. Courez à la Maison Jean Vilar. Située en plein centre d’Avignon, elle st un havre de paix en période de festival, courette ombragée et ambiance apaisée. En plus, cet été, elle consacre une partie de ses locaux à une exposition sur Jeanne Moreau. Elle s’appelle « Je suis vous tous qui m’écoutez ». Claude Adler pour commissaire, cette rétrospective incontournable retrace la vie de celle qui fut voix, résistance, résilience, intelligence. Sa vie fut consacrée à la liberté. De ton, de vie, d’amour. Sa voix si particulièrement forte et identitaire y résonne d’un bout à l’autre. C’est beau, grand, unique, féminin et instructif. Je suis vous tous qui m’écoutez, Maison Jean Vilar, 8 rue de Mons, 84 000 Avignon, jusqu’au 12/04/19, www.maisonjeanvilar.org

 

Pour se loger

Osez la jouer sac à dos, et posez-vous à l’YMCA, l’auberge de jeunesse de Villeneuve-lez-Avignon. Des chambres single et double (non communautaires donc) y sont disponibles (réservation très à l’avance), la vue sur le Palais des Papes vous ravira dès le matin au petit déjeuner sur sa grande terrasse ensoleillée. Et puis il y a la piscine, aubaine en chaleur de festival. C’est un peu sommaire, mais vraiment pas cher. Et puis on y est bien. YMCA, 7 bis Chemin de la Justice, 30400 Villeneuve-lès-Avignon, www.ymca-avignon.fr

 


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À Arles, la photographie est à l’honneur depuis 1970. Avec les « Rencontres », un festival où il est bon de déambuler à la découverte de beautés. Comme à Avignon, le festival se décline en In, programmation officielle, et Off. De nombreux lieux de la petite ville sont investis, dont de des cloîtres ou chapelles désacralisées, mais aussi des friches industrielles. Le programme cette année tourne autour de la photographie documentaire et revient longuement sur mai 68. Riche, complet et serein.

 

Programme central

Si vous disposez de peu de temps, rendez-vous au centre de la ville. Sur la place de la République, vous pourrez découvrir « Etre humain », de William Wegman. Durant des années, l’artiste a photographié son chien, un braque, comme une personne. Décalé.

Juste en face, la terrible exposition « Dernier testament ». Jonas Bendiksen, de l’agence Magnum, a suivi durant plusieurs années des personnes, aux quatre coins du monde, persuadées d’être l’incarnation actuelle du Messie. Esthétique, documenté. Effrayant parfois !

Enfin, sur cette même place, Heinrike Stahl, franco allemande installée dans le « 9-3 » de Paris livre, avec « Mon Roi », le portrait de sa banlieue, au travers de ses visages. Des visages et des gens qu’elle considère comme des héros. Pour en finir avec le portrait discriminant de ces lieux différents. Percutant.

Les Rencontres de la photographie d’Arles, jusqu’au 23 septembre, www.rencontres-arles.com

En dehors

Mais pas si loin: à Arles, tout se fait à pied. Mais si vous êtes fatigués, empruntez un des tuk-tuk de Taco and co, système de taxi-vélo confortable et aimable.

Quoi qu’il en soit, à pieds ou en Taco, filez vers la fondation Luma, espace en devenir destiné à recevoir l’art contemporain. Là, foncez découvrir notre coup de coeur : The Train. Le dernier voyage hommage à Bob Kennedy. Assassiné juste après sa victoire aux primaires (il visait la présidence des Etats-Unis), il fut emmené en train de New-York, où sa cérémonie de funérailles a été organisée jusqu’à Washington, où il fut inhumé au côté de son frère, JFK. Le long du convoi, le peuple américain s’est retrouvé en masse, pour saluer et rendre un dernier hommage à celui qui aurait sans doute été le futur président. Un photographe présent dans le train a capturé tous ces moments. L’exposition présente ces clichés. Dans une seconde partie de l’exposition, les clichés retrouvés des gens ayant rendu hommage, ce jour-là. La troisième partie est un film qui restitue cinématographiquement les clichés. Sublime et politique.

Possibilité de se restaurer dans le réfectoire : bon et convivial !

Fondation Luma, 45 chemin des Minimes,13200 Arles, www.luma-arles.org

À un jet de pierre de la fondation Luma, Croisière. Outre le fait que là aussi, on y mange bien, vous pourrez y découvrir l’exposition 1968, QUELLE HISTOIRE ! BARRICADES, EXPRESSION, RÉPRESSION. Elle revient sur les événements de mai 68, archives photographiques d’époque de la police et Unes de Paris Match en tête.

Allez ensuite jeter un coup d’oeil à « Droit à l’mage ». Une série de portraits que Christophe Loiseau a fait de détenus pénitentiaires. Des portraits qui parlent de liberté et de demain, plus que de détention, et qui ont été fait après un long travail de discussion, rencontres, respect entre le photographe et les détenus. Puissant.  Croisière, 59 Boulevard Emile Combes, 13 200 Arles

Où dormir

Filez sans hésiter à l’Hostellerie de la Source. Un hôtel familial, tenu….par une famille. Simple, propre, bien tenu (et pas cher). À pieds, de là, vous rejoignez le centre en moins de trente minutes (une situation idéale, hors du tumulte de la cité). Et pour vous remettre de la petite marche, la piscine ombragée vous tend les bras du soir au matin. Chambres classiques aux étage, petits bungalows en bord de piscine. À notre avis, le meilleur rapport qualité-prix de la ville.

Hostellerie de la Source, 7, place du Cabaret Neuf, Pont de Crau, 13 200 Arles, www.hostellerie-lasource.com

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